Amazon : la décision du tribunal de Nanterre, "je la regrette beaucoup, évidemment nous faisons appel", dit le directeur général d'Amazon France
"L'action syndicale qui a conduit à ce résultat aura des conséquences", avertit Frédéric Duval.
Cette décision de justice aura des conséquences pour de nombreux Français : plus de livraison de colis Amazon pendant au moins plusieurs jours. Le tribunal considère que la requête posée par les syndicats était justifiée, qu'il y a des problèmes sanitaires, de sécurité pour les salariés, mais également qu'Amazon doit se contenter de livrer des produits essentiels alimentaires et médicaux. Du coup, Amazon ferme ses sites de distribution en France pendant plusieurs jours. Cette décision, "je la regrette beaucoup", commente jeudi 16 avril Frédéric Duval, le directeur général d'Amazon France sur franceinfo. Il ajoute : "Évidemment nous faisons appel".
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franceinfo : Ces fermetures dureront combien de temps, réellement cinq jours ?
Frédéric Duval : Aujourd'hui, je ne sais pas vous donner une date de réouverture. Je peux vous dire qu'en dépit des investissements colossaux qui ont été réalisés pour préserver la sécurité de nos salariés dans les entrepôts, la cour de justice de Nanterre a rendu un jugement qui nous oblige à fermer temporairement nos sites en France. Je le regrette beaucoup. Évidemment nous faisons appel de la décision. L'action syndicale qui a conduit à ce résultat aura des conséquences. De nombreuses personnes en France pourront ne plus pouvoir, comme vous le disiez, recevoir des colis dans cette période de confinement et puis des milliers de salariés et de collaborateurs vont devoir rester chez. Enfin, je pense aux milliers de petites et moyennes entreprises qui utilisent nos services aujourd'hui pour expédier leurs colis et qui vont devoir se passer de ces services pendant une durée que je ne sais pas définir.
Pourquoi êtes-vous incapable de définir une durée ?
Nous avons pris la décision de fermer parce que le jugement de la cour de justice nous met dans une situation d'ambiguïté et de risques trop importants. Et effectivement, devant nous, nous avons la nécessité d'avoir un jugement d'appel qui doit arriver mais je n'ai pas la date actuellement. Pour vous donner un petit peu l'idée de l'ambiguïté dans laquelle nous nous trouvons : la cour de justice nous demande de nous concentrer sur trois catégories, l'alimentaire, le médical et l'hygiène. La définition de produits d'hygiène, par exemple, est extrêmement difficile. Est-ce qu'un biberon aujourd'hui est un produit d'hygiène ? Moi, je pense que oui, pour une maman ou un papa qui doit donner le biberon à un enfant. Mais est-ce que le juge pense que c'est un produit d'hygiène ? Je ne sais pas pour ce produit. Est-ce qu'un préservatif est un produit médical ? Je ne sais pas.
Une coloration de cheveux est un produit d'hygiène pour beaucoup de Français et Françaises, oui. Mais est-ce que le juge le pense ? Je ne sais pas. Devant cette ambiguïté-là et l'astreinte d'un million d'euros par infraction constatée qui nous est imposée, nous n'avons pas d'autre choix.
Frédéric Duval, directeur général d'Amazon Franceà franceinfo
Compte tenu des dizaines de millions d'opérations que nous faisons tous les jours dans nos centres de distribution, nous n'avons d'autres choix que de fermer les centres de distribution.
Quand vous dites 'je ne sais pas quand on pourra rouvrir', est-ce une façon de dire 'n'oubliez pas que l'on pourrait être essentiel dans cette période-là' ?
Non, ce sur quoi je veux me consacrer aujourd'hui, c'est trouver le moyen le plus rapide possible pour qu'une réouverture soit possible. C'est évidemment un accord sur lequel je vais travailler fortement. Et puis faire aussi en sorte que les Françaises et les Français qui vont continuer à pouvoir commander sur le site Amazon.fr des produits, qui ne seront pas expédiés par les entrepôts français, puissent le faire dans les meilleures conditions possibles.
Le service sera certainement un tout petit peu plus lent, mais nous continuerons à expédier grâce à notre réseau mondial d'entrepôts, vers les Français.
Frédéric Duval
Et nos marchands tiers qui vendent sur la place de marché, continueront eux aussi à expédier des produits pour les Français. Le choix sera encore très large, mais je regrette que nos centres de distribution en France ne puissent pas participer à cet élan vers les Français en cette période de confinement.
Sur la question sanitaire, quand garantirez-vous la sécurité nécessaire à tous les salariés d'Amazon ?
La sécurité "nécessaire" elles est garantie depuis le début. Nous appliquons toutes les recommandations des agences sanitaires depuis le début, ce processus évolue évidemment avec le temps, comme on le voit. Par exemple, le gouvernement se pose la question du port du masque. Nous, nous avons tranché jeudi dernier et nos salariés portent le masque dans nos entrepôts depuis jeudi dernier. Nous avons un stock suffisant pour assurer que l'ensemble de nos salariés en France puissent porter le masque s'ils le veulent et en changer deux fois par jour. Nous avons mis en place toutes les mesures que demandent les agences sanitaires et nous avons été même au-delà. La distanciation sociale dans nos entrepôts est à deux mètres. Nous portons le masques. Nous faisons des contrôles de températures à l'entrée de nos centres de distribution tous les jours, et cela, en plus de tout ce que les agences sanitaires demandent. Donc oui, je suis malheureusement perplexe devant la décision de la Cour de justice. Le jugement qui a été rendu par la Cour de justice est pour moi regrettable. Il faut le respecter évidemment, c'est la justice elle est souveraine et nous faisons appel.
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