À la maison ou dans la rue, la bise est revenue... et pour certains, la gêne de se faire embrasser
Le respect des gestes barrières voudrait que la bise soit bannie mais au moment de se retrouver, la force de l'habitude prend parfois le pas sur l'enjeu sanitaire.
Les Français, ayant été confinés tout le printemps, se trouvèrent fort dépourvus quand la bise fut revenue : "Il y a des quiproquos. Il y a des gens, tu ne sais pas si tu peux leur faire la bise", commentent trois amies, Margaux, Anna et Clémence qui se sont retrouvées pour un café en terrasse. Et même entre elles, la question du comment se dire bonjour dans l'après-coronavirus n'est pas encore clarifiée. "Moi je ne fais pas la bise parce que je n’ai pas envie de tomber malade", annonce tout de go Anna qui, pour repousser les joues qui se tendent vers elle ces derniers jours, lève sa main et crie "Corona !".
Damien lui non plus ne tolère aucune bise : "Non, je cours !, dit-il, moitié plaisantant. Je pense que maintenant c’est devenu une habitude pour tout le monde." Damien vient juste d'arriver à un rendez-vous professionnel avec Franck, diabétique donc vulnérable, qui a rapidement dû trouver un geste de remplacement à la bise et à la poignée de main : "Je suis très proche de la communauté japonaise donc j’adopte leurs coutumes. Il y a une distance et on se salue de la tête."
"Un risque limité", selon un épidémiologiste
"Coude-coude, pied-pied" est le bonjour qu'avait d'abord choisi Julie, fleuriste à Rungis avant de clore le débat : "Maintenant, je fais un petit signe, ça suffit !". À cette table de copains, tout le monde n'est pas aussi précautionneux, la bise est revenue assez naturellement.
C’est familial, c’est convivial. On connaît les personnes. À partir du moment où personne n’est tombé malade, on fait confiance. Et puis même, c’est une question d’habitude.
Une jeune Parisienneà franceinfo
L'épidémiologiste Pascal Crépay se montre d’ailleurs plutôt rassurant. Si la bise n'est pratiquée que dans un cercle restreint, le risque reste limité, selon lui. Et dès lors qu'on passe du temps dans une pièce fermée avec quelqu'un, s'être fait la bise ou serrer la main ne change plus grand chose au risque d'infection, ajoute-t-il. "Si on relâche la distanciation sociale, on n’est vraiment pas à l’abri de nouveaux cas et d’un rebond de l’épidémie", modère toutefois sa consoeur, Anne-Claude Crémieux, infectiologue à l’hôpital Saint-Louis à Paris. Elle avoue que la communauté scientifique n’est pas capable de mesurer l’impact de la distanciation sociale sur les contaminations. Elle recommande pour sa part de se montrer "très progressifs" dans l'abandon des mesures barrière.
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