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Comment les moustiques font-ils pour vous repérer ?

On a beau s'imprégner de répulsifs, les moustiques finissent toujours par nous repérer. Une étude américaine, parue le 16 juillet 2015, a montré que les moustiques combinent trois moyens de détection différents pour traquer leur proie. A tel point que selon les chercheurs, il devient impossible de leur échapper.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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En été, éviter d'être la cible des moustiques devient bien souvent un véritable casse-tête nocturne. Pourtant, d'après une étude parue dans la revue Current Biology, il est inutile de lutter : les moustiques vous repéreront quoi qu'il arrive. Une équipe de chercheurs de l'Université de Washington et de l'Institut de technologie de Californie (Etats-Unis), ont ainsi découvert que les moustiques associaient trois canaux sensoriels pour traquer efficacement leur proie.

Ainsi, ces derniers détecteraient d'abord la présence de leur hôte grâce au dioxyde de carbone (CO2) que celui-ci rejette lorsqu'il respire. Ils suivraient alors sa piste puis le localiseraient à l'œil nu. Enfin, ils repéreraient les zones chaudes du corps pour déterminer l'endroit idéal pour piquer. Si ces moyens de détection sont connus depuis longtemps, c'est la première fois que le mode opératoire des moustiques est décrit.

Plusieurs sens analysent l'environnement en simultané

Pour parvenir à cette conclusion, les biologistes ont introduit des moustiques dans une soufflerie. Dans un cas, ils ont injecté à l'intérieur de l'engin de petits panaches de CO2 à intervalles réguliers, afin de mimer la respiration des animaux à sang chaud, que ciblent les moustiques. Dans l'autre cas, ils ont injecté de l'air ambiant, pauvre en CO2. Conformément aux attentes, les moustiques se sont dirigés vers la source de CO2 (même si elle était éloignée de 15 mètres), lorsque celle-ci était abondante.

Les chercheurs ont ensuite déterminé si les moustiques utilisaient un autre canal sensoriel, à savoir la vue, pour identifier leur victime. Pour cela, ils ont conservé le dispositif de la soufflerie avec injection, ou non, de CO2. Sauf que dans un cas, ils ont placé un objet noir dans la soufflerie. Cet objet, contrasté par rapport au reste du décor, simule ainsi la présence d'un animal, ou d'un humain. Après les tests, les biologistes ont alors remarqué qu'en présence de CO2, les moustiques se dirigent spontanément vers la masse noire. A l'inverse, ils ne manifestaient aucun intérêt pour l'objet sombre, lorsque la concentration en CO2 était basse.

"Ce qui est intéressant, c'est qu'il n'y a pas de CO2 près de l'objet, explique Floris van Breugel, l'un des auteurs de l'étude au journal Eurekalert. Cela veut dire qu'ils sentent le CO2, puis quittent le panache pour voler quelques secondes en direction de l'objet". Le constat est simple : dès que du CO2 est détecté, les yeux du moustique prennent le relais afin d'en déterminer l'origine.

L'étape suivante a été d'étudier la réaction des moustiques face à un objet chaud (à 37°C) placé dans la soufflerie. Sans surprise, les moustiques s'intéressaient davantage à l'objet à 37°C qu'à un objet à température ambiante. Plus surprenant par contre, cette préférence était présente même lorsque la concentration de CO2 était basse. Ces deux moyens de traquer la proie sont donc indépendants. Toutefois, selon les scientifiques, le moustique utilise d'abord sa vue, parce qu'il voit la cible avant de détecter sa chaleur, qu'ils repèrent lorsqu'ils sont à moins d'un mètre de leur proie.

Un mode opératoire précis et rodé

A la suite de ces expériences, les chercheurs ont pu reconstituer la stratégie de chasse du moustique. Au delà de 10 mètres, l'insecte détecte tout d'abord sa proie grâce au CO2 qu'elle rejette en respirant. Puis, entre 10 et 5 mètres, ils se servent de leur vue pour identifier les objets denses, d'où pourrait provenir la respiration. Ce n'est que lorsque le moustique est suffisamment proche de son hôte qu'il commence alors à percevoir sa signature thermique et l'humidité qu'il dégage, s'assurant ainsi qu'il cible bien un être vivant, et non un rocher. A moins de 20 cm, cette signature thermique permet au moustique d'identifier les zones les plus chaudes, plus irriguées. L'insecte n'a alors plus qu'à se mettre à table.

Avec un tel système de détection, échapper aux moustiques relève presque de l'exploit. "Même s'il était possible de retenir sa respiration indéfiniment, un autre humain qui respire à proximité crée un panache de CO2 qui peut conduire les moustiques suffisamment proche de vous pour qu'ils vous voient, concluent les auteurs de l'étude. La meilleure défense est donc de devenir invisible ou alors de se camoufler. Cependant, même dans ce cas, les moustiques pourront toujours vous localiser grâce à la signature thermique de votre corps."

En somme, s'il est possible de neutraliser l'un des sens du moustique, il est, en revanche, difficile de tous les berner. Certains facteurs multiplient même vos chances d'être repéré par un moustique. Les femmes enceintes sont ainsi des cibles privilégiées : leur corps rejette plus de CO2 que les autres personnes et possède une circulation sanguine plus importante.  

Toutefois, il n'y a pas que la chaleur, votre forme ou votre respiration qu'un moustique peut détecter. En effet, plus d'une vingtaine d'odeurs sécrétées par notre peau stimuleraient leur odorat. La présence, ou non, de certaines bactéries sur notre peau pourrait participer à l'élaboration de ce fumet. Une récente étude a même établi une origine génétique à l'attirance déraisonnée qu'éprouvent les moustiques pour certains d'entre-nous.

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