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Asthme : le vaccin pourrait se cacher dans la poussière des fermes

En stimulant directement les cellules pulmonaires, la poussière des fermes, riche en germes, pourrait protéger les enfants qui y grandissent contre l'asthme et les allergies respiratoires, selon une récente étude. Les chercheurs espèrent trouver la substance active qu'elle contient pour élaborer un vaccin.
Article rédigé par La rédaction d'Allodocteurs.fr
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En plus de lui donner la fibre écologique, emmener un enfant à la ferme pourrait bien lui fortifier les bronches. Une étude, publiée le 3 septembre 2015 dans Science, montre ainsi que les enfants qui grandissent dans les fermes sont protégés de l'asthme et des allergies respiratoires par la poussière qui s'y trouve.

Le fait que les enfants qui grandissent au milieu des bottes de foins et des animaux, notamment les vaches, sont moins sensibles aux allergies que les autres n'est pourtant pas nouveau. Mais les scientifiques ne s'expliquaient pas le phénomène.

Lorsqu'un allergène volatile (pollen, moisissure…) établit un premier contact avec le corps,  il interagit avec les cellules épithéliales composant la muqueuse qui tapisse les voies respiratoires. Ce contact peut entraîner une réaction immunitaire excessive et la muqueuse s'enflamme : c'est la rhinite allergique.

Pour comprendre pourquoi les enfants d'agriculteurs ne réagissaient pas aux allergènes, les chercheurs de l'Université de Ghent (Belgique) se sont donc focalisés sur la source même de ces particules à l'intérieur des fermes : la poussière.

Ainsi, "nous avons exposé des souris à de la poussière prélevée dans des fermes en Allemagne et en Suisse", explique Bart Lambrecht, professeur de médecine pulmonaire et co-auteur de l'étude. Après 15 jours d'exposition à de faibles doses de poussière, "les souris étaient totalement protégées contre l'allergie aux acariens, le cas d'allergie le plus courant chez les humains", poursuit-il.

La poussière agit directement sur les gènes des cellules des voies respiratoires

Suite à ces premiers résultats, l'équipe a donc étudié de plus près la muqueuse des voies respiratoires. Les chercheurs se sont aperçus que la poussière agricole rendait les cellules épithéliales beaucoup moins réactives aux allergènes, en diminuant la sécrétion des molécules immunitaires mises en jeu dans les réactions allergiques.

Ce n'est pas tout : ils ont découvert que les cellules fabriquaient une petite protéine, baptisée protéine A20, en cas d'exposition à la poussière. Or, "lorsque l'on inactive la protéine dans la muqueuse des poumons, la poussière agricole ne permet plus de réduire les réactions allergiques ou asthmatiques ", souligne Hamida Hammad, également professeur à l'Université de Ghent.

Suite à ces résultats prometteurs sur la souris, les scientifiques ont identifié l'homologue humain du gène fabriquant la protéine A20. Puis, ils ont examiné un groupe de 2.000 personnes qui avaient grandi à la ferme et constaté que la grande majorité d'entre eux n'était pas sujette aux allergies ou à l'asthme. Par contre, ceux qui étaient atteints présentaient une "une variation génétique du gène A20 qui entraîne une défaillance de la protéine A20", selon M. Lambrecht.

La prochaine étape pour les chercheurs est maintenant de trouver la substance active dans la poussière qui apporte cette protection, de manière à pouvoir développer des traitements préventifs contre l'asthme, sous forme d'aérosol notamment.

Selon eux, la reconnaissance par l'organisme de certains débris issus de bactéries spécifiques, présentes dans les fermes et non dans les appartements aseptisés, pourrait expliquer l'activation de cette protection.

"Nous avançons dans la bonne direction pour développer un vaccin contre l'asthme et des traitements contre les allergies (...) mais plusieurs années de recherche seront nécessaires avant qu'ils ne soient disponibles pour les patients", nuance toutefois Hamida Hammad.

Avec AFP

Etude de référence : Farm dust and endotoxin protect against allergy through A20 induction in lung epithelial cells, Science 4 September 2015: Vol. 349 no. 6252 pp. 1106-1110 DOI: 10.1126/science.aac6623

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