Alzheimer : inquiétudes sur le déremboursement des traitements
Pour Agnès Buzyn, la ministre de la Santé, il s'agit d'une "mesure de santé publique". En ligne de mire : une économie de 90 millions d'euros qui pourrait financer l'accompagnement des malades. Mais cette décision de mettre fin au remboursement des traitements inquiète les associations de malades, dont France Alzheimer. Elle l'estime "infondée et dangereuse". Pour quelles raisons ? Benoît Durand, directeur délégué de l'association France Alzheimer répond à nos questions.
- Pour vous, l'inefficacité des médicaments n'est pas justifiée. Elle a pourtant été pointée du doigt par la Haute Autorité de Santé (HAS) dans un avis de 2016, confirmé récemment dans ses nouvelles recommandations. Mais ce n'est pas l'avis de votre association, pourquoi ?
Benoît Durand, directeur délégué de l'association France Alzheimer : "Ce n'est pas non plus l'avis des familles et de nombreux neurologues et gériatres. Dans cette problématique, on généralise en disant que le médicament ne guérit pas et qu'il peut avoir des effets nocifs. En fait, il y a des cas particuliers, on peut prescrire des médicaments au début de la maladie et il est prouvé que le médicament a une efficacité certes modeste, et il doit être accompagné et non substitué à une thérapie médicamenteuse. Il y a aussi beaucoup de neurologues qui les prescrivent ! Les dérembourser, c'est remettre en cause le travail de ces médecins pendant plusieurs années."
- Le ministère de la Santé estime que les économies réalisées pourront être utilisées pour financer l'accompagnement des malades par exemple pour les séances d'orthophonie, conformément aux recommandations de la Haute Autorité de Santé. Croyez-vous à l'utilité de ces économies ?
Benoît Durand : "Je crois à l'utilité de ces économies mais je ne crois pas beaucoup au fait que sur cette économie de 90 millions, nous allons pouvoir développer un véritable accompagnement. Il faudrait certainement beaucoup plus d'argent."
- Avoir un médicament facilite parfois le lien thérapeutique entre le médecin et son patient. Cette décision ne peut-elle pas aussi pousser les médecins à avoir une vision globale et à passer plus de temps avec les malades et leur famille ?
Benoît Durand : "On pense qu'il s'agit du cas par cas. La prescription d'un médicament peut générer un lien thérapeutique dans un parcours de soins qui peut être efficace. Elle n'est pas obligatoire et elle n'est pas nécessaire en fonction des cas. Nous craignons que ce lien thérapeutique soit brisé. Ce qui inquiète aussi les familles, c'est de devoir mettre la main à la poche pour continuer à prendre ces médicaments sachant que le reste à charge des familles s'élève à environ 1.200 euros par mois et que cela va se rajouter au poids du reste à charge. Cela crée par conséquent des iniquités sociales entre ceux qui peuvent se financer les traitements et les autres."
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