Les médecins généralistes font une erreur tous les deux jours
Selon une étude publiée dans le "Bulletin épidémiologique hebdomadaire", ces fautes sont plus souvent le résultat d'un défaut d'organisation du cabinet qu'un problème de compétence ou de connaissance.
Les médecins généralistes font en moyenne une erreur tous les deux jours. Ce chiffre est le résultat d'une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH), mardi 9 septembre. C'est la première à s'intéresser aux erreurs en médecine de ville, en France. De précédentes recherches s'étaient auparavant focalisées sur les hôpitaux.
Pour être précis, il ne s'agit pas d'erreurs médicales. Les auteurs font appel au concept plus vaste "d'événements indésirables associés aux soins (EIAS)". Un EIAS est un "événement ou circonstance associé aux soins qui aurait pu entraîner ou a entraîné une atteinte pour un patient, et dont on souhaite qu'il ne se reproduise pas de nouveau". Et il s'avère que les fautes sont bien plus souvent le résultat d'un défaut d'organisation du cabinet qu'un problème de compétence ou de connaissance.
Défaut de connaissances dans une erreur sur cinq
Pour cette étude, on a comptabilisé le nombre d'erreurs dans 133 cabinets de médecins généralistes, de 19 régions françaises, durant une semaine d'activité. Résultats : pour 13 438 actes médicaux, 475 EIAS ont été répertoriés, dont 74 effets indésirables de médicaments pris par les patients.
344 événements indésirables ont été considérés comme "évitables". Parmi ceux-ci, 42% ont résulté d'un "problème d'organisation du cabinet" : erreur dans le dossier médical du patient, problème de gestion des rendez-vous ou même erreur d'identification du malade. Pour 21%, les EIAS ont été associés à des erreurs de coordination et de communication entre professionnels de santé lorsque plusieurs structures ou soignants interviennent pour un patient.
Dans 20% des cas, les événements indésirables découlent de "défauts de connaissances" ou "de compétences" des médecins généralistes ou bien d'un absence de "mobilisation" de leurs connaissances.
Une grande majorité des EIAS (77%) n'a eu "aucune conséquence clinique" pour les patients mais 21% ont entraîné une "incapacité temporaire". Il s'agit par exemple "d'une infection urinaire liée à un retard de traitement" ou bien de malaises à la suite d'un retard de prise en compte des résultats d'analyse pour un diabétique.
Les conséquences graves sont extrêmement rares
Dans 2% des cas, ces événements indésirables ont eu des conséquences graves. Dans un cas, un homme de 87 ans, insuffisant cardiaque, est mort, faute d'avoir pu obtenir un rendez-vous chez un spécialiste à temps. Ce décès "est survenu en établissement de santé à la suite d'une hospitalisation dans l'urgence, alors qu'un avis spécialisé en médecine ambulatoire n'avait pas pu être obtenu", explique l'étude.
Malgré tout, les EIAS cliniquement graves sont "exceptionnels" et ne représentent que 0,06% des 13 438 actes médicaux passés au crible.
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