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Les laboratoires Servier sont convoqués par les juges d'instruction en charge de l'enquête sur le Mediator

Cette convocation vise une possible mise en examen, a déclaré mardi à l'AFP leur avocat, Me Hervé Temime.Dans cette affaire, trois juges d'instruction parisiens sont en charge d'informations judiciaires pour tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires et escroquerie au préjudice des caisses de Sécurité sociale et des mutuelles.
Article rédigé par France2.fr avec agences
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Les plaintes de victimes contre le laboratoire Servier qui a fabriqué et commercialisé le Mediator se multiplient. (AFP - Fred Tanneau)

Cette convocation vise une possible mise en examen, a déclaré mardi à l'AFP leur avocat, Me Hervé Temime.

Dans cette affaire, trois juges d'instruction parisiens sont en charge d'informations judiciaires pour tromperie aggravée, homicides et blessures involontaires et escroquerie au préjudice des caisses de Sécurité sociale et des mutuelles.

Deux scientifiques, entendus cet été par les juges et dont l'audition a été révélée par Le Figaro et Libération, ont expliqué que le Mediator présentait les caractéristiques d'un coupe-faim plus que d'un antidiabétique, caractéristiques qui auraient été dissimulées.

Servier n'a "pas trompé les autorités" sur les caractéristiques du Mediator afin d'obtenir une autorisation de mise sur le marché (AMM), a affirmé mardi sur Europe 1 l'avocat du laboratoire en réponse à des révélations du Figaro et de Libération.

Selon un extrait de son audition révélée par Libération, le professeur Jean Charpentier, qui avait rédigé l'étude destinée à obtenir l'AMM en 1973, a expliqué aux juges en charge des informations judiciaires ouvertes à Paris : "Cela a été fait dans le but d'avoir l'AMM", le dossier a été "présenté de la façon la plus favorable possible".

"Servier n'est absolument pas dans le déni. Servier ne conteste pas les travaux qui ont été faits (...) à la fin des années 1960 sur cette molécule", a rétorqué Me Temime. "Servier considère simplement qu'il n'y a pas eu de tromperie, qu'il n'y a pas eu d'escroquerie, qu'il n'y a pas eu d'obtention indue d'une autorisation de mise sur le marché", a poursuivi l'avocat.

Des perquisitions ont été menées en juin au siège de Servier, au domicile de son patron et dans plusieurs sociétés du groupe. Des documents avaient alors été saisis. Des responsables des laboratoires devraient être prochainement entendus par les juges.

300 plaintes de l'Avim
L'Association de défense des victimes de l'Isoméride et du Médiator (Avim) va déposer "d'ici à fin septembre" 300 plaintes pour tromperie aggravée contre Servier, a-t-on appris mardi auprès de son président, le Dr Dominique Michel Courtois.

L'Avim a déjà déposé, en janvier 2011 à Paris, une centaine de plaintes pour homicide et blessures involontaires contre Servier.

L'Avim accuse les laboratoires Servier d'avoir menti sur les caractéristiques du Mediator présenté comme antidiabétique mais également vendu comme coupe-faim.

Une enquête en cours
La justice a ouvert en décembre une enquête sur l'affaire du Mediator, fabriqué par le laboratoire Servier. Le médicament est un antidiabétique que de nombreux patients ont pris dans le seul but de maigrir.

Il a été prescrit à quelque cinq millions de Français de 1976 jusqu'à fin 2009, date de son interdiction.

Rappel des faits
Le Mediator a été retiré du marché en novembre 2009 en raison des risques cardiaques encourus par les patients. L'antidiabétique, largement prescrit comme coupe-faim, a causé 500 à 2.000 morts, selon plusieurs études. Cinq millions de malades l'ont utilisé.

En janvier, l'Inspection des Affaires sociales (Igas) avait rendu un rapport accablant pour Servier, l'accusant notamment d'avoir "roulé dans la farine" des responsables de délivrance d'AMM et estimant "que le retrait du Mediator aurait dû être décidé dès 1999".

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