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Le moustique est vecteur de maladies comme la malaria, le chikungunya ou la dengue, qui progresse dans le monde

L'épidémie, qui sévit depuis février aux Antilles, a touché 29.200 personnes en Martinique et 36.000 en Guadeloupe, selon les dernières statistiques de l'Institut de veille sanitaire (InVS).Etat des lieux d'une maladie virale transmise par l'Aede aegypti (surtout) ou l'Aede albopictus, pour laquelle il n'y a ni vaccin, ni traitement spécifique.
Article rédigé par Catherine Le Brech
France Télévisions
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A Rivière-Pilote, en Martinique, un adjoint sanitaire va diffuser un anti-moustique pour enrayer la dengue (17/08/2010). (AFP/PATRICE COPPEE)

L'épidémie, qui sévit depuis février aux Antilles, a touché 29.200 personnes en Martinique et 36.000 en Guadeloupe, selon les dernières statistiques de l'Institut de veille sanitaire ( InVS).

Etat des lieux d'une maladie virale transmise par l'Aede aegypti (surtout) ou l'Aede albopictus, pour laquelle il n'y a ni vaccin, ni traitement spécifique.

Ainsi, même si elle reste bénigne dans la plupart des cas, la dengue a entraîné 12 morts en Martinique et 5 en Guadeloupe. Les victimes étaient pour la plupart des enfants ou des adultes avec des maladies chroniques.

Quelque 2/5e de la population mondiale sont exposés au risque de la dengue, décrite sous le nom de "grippe tropicale" dès le 18e siècle, et provoquée par quatre types de virus (DEN-1 à 4) appelés arbovirus.

Une arbovirose, donc, qui n'a cessé de progresser dans le monde depuis une trentaine d'années: 2,5 milliards d'humains sont désormais exposés au risque de contracter cette maladie et il y aurait chaque année 50 millions de cas dans le monde, selon selon l'Organisation mondiale de la santé ( OMS), un chiffre qui pourrait atteindre le double, selon l'Institut Pasteur.

La maladie est devenue endémique dans plus de 100 pays d'Afrique, d'Amérique (en particulier en Amérique Latine et dans les Caraïbes), du Moyen-Orient, d'Asie du Sud-Est et du Pacifique. Elle est même réapparue en 2009 en Floride (cas autochtone) après 40 ans d'absence. Et 800 cas importés dans les zones tropicales ont été recensés en Métropole (aucun cas de transmission autochtone pour le moment) contre moins de 400 en 2009, selon des chiffres diffusés par l'entourage de la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.

La guérison dans la majorité des cas
L'homme, principal réservoir naturel du virus, est une source de dissémination par l'intermédiaire des moustiques.

La dengue provoque généralement peu ou pas de symptômes, selon l'Institut de veille sanitaire. Mais elle peut se manifester brusquement - 4 à 7 jours après la piqure - par une forte fièvre (+39° le plus souvent), des maux de tête, des nausées-vomissements, des douleurs articulaires et musculaires et parfois une éruption cutanée ressemblant à celle de la rougeole. Des saignements (nez, gencives) peuvent compléter le tableau des symptômes.

Dans la majorité des cas, l'infection évolue spontanément vers la guérison. Il arrive cependant que la convalescence soit longue chez l'adulte, avec une profonde fatigue.

La forme hémorragique (hémorragies multiples digestives, cutanées et cérébrales...), forme grave de la maladie, peut s'avérer mortelle. Chez les enfants de moins de quinze ans notamment, un état de choc peut s'installer (agitation, froideur des extrémités, pouls accéléré...) et entraîner une défaillance circulatoire avec risque de mort en quelques heures, en l'absence d'intervention (perfusions...).

Chaque année, 500.000 cas de dengue hémorragique, dont une très forte proportion d'enfants, nécessitent une hospitalisation, estime l' OMS. La mortalité parmi ces patients est de l'ordre de 1 à 5%, mais peut atteindre 20% en l'absence de prise en charge thérapeutique adéquate, selon l'InVS. Les produits à base d'aspirine doivent absolument être évités car ils peuvent aggraver l'hémorragie ou le syndrome de choc.

Prévenir avant de guérir
Comme il n'existe pas de traitement spécifique à la dengue, et qu'un vaccin n'est pas envisagé avant trois ou quatre ans, la seule solution pour en limiter l'étendue est de la combattre en luttant contre la prolifération des moustiques et en se protégeant individuellement des piqures par l'usage de moustiquaire et autres répulsifs ou vêtements couvrants.

A savoir toutefois, les moustiques deviennent de plus en plus résistants aux insecticides, notamment dans les Caraïbes, selon les observations du chef de service de maladies infecteuses du CHU de Fort-de-France, en Martinique, André Cabié, rapportées dans Le Figaro du 30 août 2010. Cet infectiologue y précise également que contrairement aux moustiques transmettant le paludisme (anophèles), ceux de la dengue sévissent dans la journée. Du coup, les moustiquaires ne sont utiles qu'aux bébés et jeunes enfants.

Aussi, la prévention consiste essentiellement à éviter le développement des larves de l'insecte qui pullule dans des gîtes d'eau - coupelles de pots de fleurs, citernes non couvertes, marigots, conduits, etc. "Autour de 37°", ils "sont parfaits pour le développement des larves de moustiques", précise Philippe Després de l'Institut Pasteur, à Paris.

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