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La salive mise en cause dans l'obésité

Selon une étude menée par une équipe de scientifiques internationaux, sa composition est déterminée par nos gènes. Or, si la salive manque d'une certaine enzyme, cela peut favoriser la propension à devenir obèse.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'obésité peut avoir un lien avec la composition de la salive, et donc avec les gènes. Telle est la conclusion d'une étude, fondée sur une analyse génétique, parue dimanche 30 mars dans la revue spécialisée "Nature Genetics". (BURGER / PHANIE)

L'obésité peut avoir un lien avec la composition de la salive, et donc avec les gènes. Telle est la conclusion d'une étude, fondée sur une analyse génétique, parue dimanche 30 mars dans la revue spécialisée Nature Genetics (article payant, en anglais). C'est la première fois qu'une étude établit un lien génétique entre la digestion des glucides complexes et l'obésité. Francetv info revient sur ce travail mené par une équipe internationale réunissant le CNRS, le l'Institut Pasteur de Lille, et l'Imperial College London.

Qu'ont observé les chercheurs ?

Avoir une salive pauvre en une enzyme spécifique, l'amylase, qui sert à digérer des sucres complexes que l'on trouve dans les pâtes et le riz, favoriserait la propension à devenir obèse. Chacun de nous possède plus ou moins de copies du gène de l'amylase salivaire, avec des variations allant de une à vingt copies. Les personnes qui ont le plus petit nombre de copies du gène de l'amylase salivaire (et ainsi peu de cette enzyme dans leur sang) ont un risque multiplié par 10 de devenir obèses. Chaque copie de ce gène en moins augmente de 20% le risque d'obésité, selon cette recherche.

Comment l'expliquer ?

Les céréales et le pain, les pâtes, le riz et les pommes de terre, les légumes secs, contiennent de l'amidon, encore appelé sucre lent. Depuis le début de l'agriculture, il y a 10 000 ans, le nombre des copies du gène "AMY1" de l'enzyme salivaire, situé sur le chromosome 1, a augmenté dans l'espèce humaine, dotant les hauts sécréteurs d'amylase salivaire d'un avantage nutritionnel sélectif.

Deux hypothèses sont avancées pour expliquer les conséquences d'une déficience en amylase salivaire. La mastication des aliments et leur digestion partielle dans la bouche pourrait avoir un effet hormonal entraînant une satiété moindre chez ceux ayant moins d'amylase. Selon l'autre hypothèse, la mauvaise digestion des amidons pourrait modifier la flore intestinale, et ainsi contribuer indirectement à l'obésité, voire au diabète, comme le suggèrent de premières études réalisées chez des personnes dont la salive est riche ou pauvre amylase. Les personnes qui ont peu d'amylase salivaire ont ainsi une glycémie anormalement élevée quand elles mangent de l'amidon.

Combien y a-t-il de gènes liés à l'obésité ?

Un milliard de personnes sont actuellement en surpoids. La sédentarité, l'alimentation déséquilibrée font partie des éléments favorisant l'obésité. Mais il existe également des facteurs génétiques prédisposants.

Environ 5% des personnes très obèses sont porteuses d'une mutation d'un des gènes contrôlant l'appétit qui est suffisante pour les rendre obèses. Des études récentes ont par ailleurs identifié 70 gènes de l'obésité commune, mais leur impact est faible et n'explique qu'une petite partie du risque génétique (4%). A elle seule, la région du génome contenant le gène AMY1 expliquerait près de 10% du risque génétique.

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