La France consomme trop de Motilium, selon l'Agence du médicament
Ce médicament contre la nausée est controversé, car il est accusé d'être à l'origine de morts subites.
La France consomme "quatre fois trop" de Motilium. C'est ce qu'affirme Dominique Martin, directeur général de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), dans un entretien au Figaro jeudi 23 avril. Ce médicament contre la nausée et les vomissements, composé de dompéridone, pourrait être à l'origine de 231 morts subites cardiaques en 2012 en France, selon une étude parue début avril dans la revue Pharmacoepidemiology and Drug Safety.
"La France se trouve dans une situation atypique : nous consommons quatre fois plus de dompéridone que la moyenne de nos voisins européens", regrette Dominique Martin, qui estime que l'estimation de 231 morts reste à confirmer. Il ajoute toutefois qu'"on ne peut pas retirer du marché un médicament qui est dangereux notamment parce qu'il est mal utilisé, sinon on en supprimerait beaucoup !" "La dompéridone (Motilium), comme tout médicament, présente des risques, et des bénéfices", souligne-t-il.
Réduire la consommation plutôt que le retirer du marché
Selon la revue indépendante Prescrire, qui milite pour son retrait du marché, environ 3 millions de personnes ont consommé de la dompéridone en France en 2012. Il faut donc, juge Dominique Martin, s'attaquer à "cette surconsommation" plutôt que retirer la molécule du marché. "Si l'on réduit la consommation, on abaissera aussi le nombre de victimes", observe-t-il.
L'autorisation de mise sur le marché a été revue par trois fois et l'ANSM a envoyé une lettre aux médecins à ce sujet dès 2011, poursuit-il. "Cette révision a eu pour effet de réduire la consommation de 30% entre 2012 et 2014", assure-t-il au quotidien, tout en jugeant ce progrès insuffisant.
"Trop d'antivomitifs prescrits"
Plus généralement, "les praticiens prescrivent aussi trop d'antivomitifs, et pas seulement la dompéridone, c'est aussi le cas du métoclopramide (Primpéran) et de la métopimazine (Vogalène), qui ne sont pas plus à favoriser", ajoute le directeur général de l'ANSM.
Prendre un médicament de confort n'est pas anodin, rappelle-t-il. "A chaque prise, on s'expose à un risque (...). La problématique est d'ailleurs la même pour le paracétamol, l'ibuprofène ou les benzodiazépines, qui causent aussi des morts chaque année."
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