L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies a dressé "un bilan assez mitigé" du tabagisme le 22 mars
Si les ventes sont restées "quasiment stables" en 2010 par rapport à 2009, les ventes de tabac à rouler - 11,8% des ventes - ont augmenté de 4,7%.
Autre constat: le fait qu'une cigarette sur cinq fumée en France est achetée à l'étranger, induit une consommation de tabac en hausse si on additionne les achats transfrontaliers aux ventes en France.
Selon L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies les ventes réalisées dans les 28.000 bureaux de tabac français ont augmenté de 2% en 2009 et de 0,5% en 2010. Les achats de tabac en dehors des frontières représentent au final, de 2004 à 2007, deux milliards d'euros par an de taxes qui s'envolent en fumée au lieu d'entrer dans les caisses de l'Etat. Ce bilan de l'Observatoire confirme les chiffres des buralistes et des fabricants.
La tendance a été mise en évidence dans le dernier Baromètre Santé de L'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, qui avait conclu à une reprise de la consommation entre 2005 et 2010, avec plus de fumeurs mais une baisse des quantités fumées.
Marginaux jusqu'en 2003/2004, les achats transfrontaliers ont explosé en raison des hausses importantes de taxes imposées à l'époque aux produits du tabac en France, au nom de la politique de santé publique. En quelques mois, les prix des paquets de cigarettes avaient augmenté de 40%. Aujourd'hui, le paquet de cigarettes le plus vendu (Marlboro) coûte 5,90 euros en France, contre 4,25 euros en Espagne.
"Du gris que l'on roule dans ses doigts..."
L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies dresse "un bilan assez mitigé" du tabagisme l'année dernière. Il estime que les ventes de tabac en France métropolitaine "ont très légèrement augmenté en 2010, pour atteindre un total de 64.999 tonnes, soit une hausse de 0,5% par rapport à 2009".
Cette évolution eest surtout liée à l'augmentation de 4,7% des ventes de tabac à rouler, qui représente 11,8% des ventes. Explication: malgré une hausse importante de son prix - +34 centimes contre +30 centimes pour les cigarettes sur le prix moyen de la marque la plus vendue - , il reste toujours meilleur marché.
Sur le moyen terme, depuis le recul en 2003-3004 consécutif aux fortes hausses de prix, le niveau global des ventes "est resté quasi identique". Selon les les premiers résultats du Baromètre Santé 2010 établi par L'Observatoire français des drogues et des toxicomanies, on constate une augmentation du nombre de fumeurs parmi les 15-75 ans - 33,6% contre 31,8% en 2005 -, compensée par une baisse du nombre moyen de cigarettes fumées quotidiennement - 13,9 contre 15,4.
Parallèlement, les initiatives d'arrêt du tabagisme sont en augmentation en 2010, "laissant à penser à une volonté plus importante des fumeurs de réduire voire arrêter leur consommation de tabac". Les ventes de traitements pour l'arrêt du tabac en pharmacie ont augmenté de 7,8% par rapport à 2009.
9% des 9-11 ans ont déjà fumé
Les 9-11 ans essayent de plus en plus la cigarette: ainsi, selon une enquête menée à la demande de la Fédération française de cardiologie, 9% d'entre eux ont déjà fumé, mais une majorité pensent qu'on peut arrêter après un premier essai. Ils étaient 4% dans ce cas en 2007. Mais pour 57% des enfants, "on peut fumer une première cigarette juste pour essayer et ne plus jamais avoir envie de fumer après".
La majorité des enfants interrogés pensent que leurs camarades qui fument sont souvent seuls et 39% estiment qu'ils sont plutôt tristes. Mais 29% pensent que ce sont des enfants "qui ont beaucoup de copains", "qui sont comme tous les autres enfants" (24%), voire qu'ils "s'amusent beaucoup" (20%).
Chez les 10-15 ans, 32% ont déjà essayé la cigarette, un chiffre en hausse de 29% par rapport à 2007. Surtout, 56% de ceux qui ont essayé n'ont jamais tenté d'arrêter (42% en 2010), même si 44% pensent qu'ils arrêteront un jour.
61% de ceux qui ont déjà essayé la cigarette ont aussi essayé autre chose: 39% le narguilé ou la chicha, 36% le cigare, 24% le cannabis ou la marijuana.
Ceux qui n'ont pas continué de fumer arguent du prix (62%), des dents jaunes que cela donne (61%), de la peur de devenir accro (56%), des parents qui l'ont demandé (52%), notamment.
Cette enquête intervient à la veille des 36e Parcours du coeur, les 2 et 3 avril, qui se veulent le rendez-vous annuel de la prévention des maladies cardio-vasculaires.
Une avancée en Chine au 1er mai
Dans un pays, où l'on fume comme on respire - les ravages de la tabagie y représentent 1/5e des morts par le tabac dans le monde -, Pékin doit introduire au 1er mai l'interdiction de fumer dans tous les espaces publics fermés, ont annoncé les médias chinois, le 24 mars 2010, après une annonce du ministère de la Santé du 22 mars.
La Chine s'était engagée à mettre en oeuvre cette interdiction avant le 9 janvier dernier lorsqu'elle avait signé la Convention cadre sur la lutte antitabac avec l'Organisation Mondiale de la Santé il y a cinq ans. Mais divers facteurs, comme le manque de législation antitabac au niveau national, les lourdeurs bureaucratiques et la grande dépendance de la population à l'égard d'un tabac très bon marché ont retardé son entrée en vigueur, avait alors expliqué l'agence officielle Chine nouvelle.
Une interdiction similaire annoncée à Shanghai avant l'Exposition universelle en 2010 avait fait les preuves de sa totale inefficacité, les Chinois continuant de griller des cigarettes devant même les panneaux "interdit de fumer" des restaurants, hôtels ou salles de conférence.
Comme la Chine compte environ 300 millions de fumeurs, sur une population de 1,3 milliard d'habitants, la tâche s'avère ardue.
A savoir toutefois que d'ici moins de 20 ans, plus de 3,5 millions de Chinois pourraient mourir chaque année de maladies liées au tabac, contre 1,2 million en 2005, selon une récente étude réalisée par des chercheurs chinois et étrangers. Les maladies induites par le tabac en Chine y causent plus de morts que le sida, la tuberculose, les accidents de la circulation et les suicides réunis.
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