L'Igas a publié mardi un 2e rapport qui pointe les dysfonctionnements du système et propose des modifications radicales
Ce rapport de l'Inspection générale des Affaires sociales, qui devrait servir de socle aux annonces du gouvernement, prône une "réforme d'envergure" du système du médicament dans la foulée du scandale du Mediator.
Il préconise de rendre l'information plus transparente et de contrôler les laboratoires, voire de supprimer les visiteurs médicaux.
Le ministre de la Santé, Xavier Bertrand, a présenté jeudi matin les grands axes de son projet de réforme du système du médicament. Au cours des derniers mois, il a régulièrement insisté sur la nécessité d'assurer "l'étanchéité de l'Afssaps par rapport à l'industrie du médicament", de régler les éventuels conflits d'intérêts "avec un processus de sanctions" pour ceux qui ne déclareraient pas leurs intérêts croisés et d'assurer "une transparence totale" au système.
"Mon devoir est de rebâtir un nouveau système de sécurité sanitaire avec l'objectif que, demain, il n'y ait pas un nouveau Mediator", soulignait le ministre le 15 janvier, suite à la publication du premier rapport de l'Igas.
Le rapport de l'Inspection générale des Affaires sociales s'en prend à la pharmacovigilance, qui a montré ses limites: en dépit des alertes lancées par des médecins, il a fallu attendre 2009 pour que le Mediator soit retiré du marché, ce qui aurait pu être fait "dix ans plus tôt", selon l'Igas qui insiste sur le fait qu'il faut "changer de méthode".
Elle propose aussi que le patient, aussi bien que le professionnel de santé, puisse alerter sur des effets indésirables.
L'Afssaps, l'Agence des produits de santé, doit se réorganiser et acquérir davantage de pouvoir face aux laboratoires. Elle doit pouvoir "exiger les données complètes des essais cliniques", "annuler des décisions favorables au laboratoire en cas de conflit d'intérêt", "prévoir des sanctions proportionnées aux enjeux", dit encore ce rapport.
Priorité doit être donnée au principe de précaution, le doute devant profiter "au malade et non au médicament". Par exemple des médicaments, "proposés au déremboursement par la commission de transparence pour des raisons de sécurité sanitaire" ne doivent pas rester sur le marché.
L'Igas suggère de nouveaux critères pour l'évaluation du médicament: ne doit accéder au marché qu'un nouveau médicament apportant "une valeur ajoutée thérapeutique". Il ne devrait pouvoir être remboursé que si son efficacité comparée à son coût est suffisante. La mission suggère aussi une réduction du nombre des médicaments.
L'Igas propose la constitution d'un organisme public d'information sur le médicament et la suppression du corps des visiteurs médicaux. L'action promotionnelle des firmes vers les acteurs de santé doit être rendue publique.
Pour l'Igas, il est grand temps que l'Etat "retrouve une responsabilité qui ne peut être que la sienne", face aux laboratoires et face à l'Europe.
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