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Les laboratoires Servier vont bien recevoir 800 000 euros de subvention

Le gouvernement a finalement pris sa décision, en connaissance de cause des révélations du Canard Enchaîné.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1 min
Le site des laboratoires Servier à Gidy, dans le Loiret. (ANNE OGER / RADIO FRANCE)

Le gouvernement confirme accorder 800 000 euros de subventions aux laboratoires Servier, a appris vendredi 25 mars franceinfo. Le ministère de l'Économie a réexaminé son dossier de subvention. Le groupe pharmaceutique recevra bien une subvention de la part de l'État pour l'aider à fabriquer davantage de molécules "d'intérêt thérapeutique majeur". Et cela afin que la France retrouve sa souveraineté pharmaceutique et soit autosuffisante en cas de crise sanitaire.

Pourtant, certains des médicaments produits dans l’usine concernée, celle de Gidy (Loiret) sont jugés inutiles voire dangereux par les autorités de santé, comme l'a révélé cette semaine le Canard Enchaîné. L’un des médicaments fabriqués sur le site, le Triplixam, un diurétique, n’est pas remboursé par la Sécurité sociale, car la Haute autorité de Santé (HAS) l’a jugé inutile. Même chose pour le Vastarel, contre les vertiges et acouphènes.

Une histoire "hallucinante" 

"Alors là, c'est le ponpon", lance le docteur Irène Frachon qui a révélé le scandale sanitaire du Mediator. "La Haute Autorité de Santé a déremboursé ce médicament en 2011 en jugeant qu'il n'avait jamais fait la preuve de son inefficacité et que par contre on était certain qu'il était dangereux." Donc, pour Irène Frachon, considérer que Servier va fabriquer des "molécules d'intérêt thérapeutique majeur, c'est un mensonge, c'est hallucinant cette histoire". "C'est un scandale qui me fait trembler de rage et surtout, qui est une insulte aux victimes du Médiator. Ce serait risible si ce n'était pas simplement inquiétant. Et si ça témoignait pas d'une indifférence cynique totale aux enjeux de santé publique", a-t-elle réagi.

Le ministère de l’Economie répond auprès de franceinfo que le dossier a été "rebalayé" ces dernières heures. Concernant le Vastarel, "ce produit ne verra pas sa production augmenter dans le cadre de ce projet" de hausse de la production sur le site de Gidy, d’ici 2025. Le ministère de l’Economie conclut que, dans ce projet toujours, "les trois quarts des volumes relèvent de produits classés à service 'médical rendu important '".  

La subvention de l’Etat intervient en outre dans un contexte social tendu. Servier prévoit de muter 70 de ses salariés à plus d’une centaine de kilomètres de là. Servier est condamné pour "tromperie aggravée" et "homicides et blessures involontaires" dans le scandale sanitaire du Mediator. Condamnation dont les laboratoires Servier ont fait appel.

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