: Vidéo Médecin généraliste, Marine Lorphelin s'exprime sur les violences sexistes et morales en médecine
Elle se souvient encore des remarques sexistes et déplacées reçues alors qu’elle réalisait son stage de médecin, en chirurgie, quand elle avait 22 ans. “Dans ce stage de chirurgie, l'ambiance était extrêmement lourde, je me sentais mal à l'aise constamment. On pouvait me faire des réflexions par rapport à ma tenue, si je me maquillais, etc. On me posait des questions sur mon intimité. Toi, tu aimes telle ou telle position ? C'était cette ambiance-là, vraiment très, très désagréable. Je l'ai vraiment mal vécu” explique Marine Lorphelin, ancienne Miss France 2013, qui exerce aujourd’hui en tant que médecin généraliste. A l’époque, elle n’en parle pas car elle ne se sentait pas “spécialement victime” : “On ne se rend pas compte, quand on est au cœur d'un système, qu'il va trop loin. Quand on est à l'intérieur, que ça paraît être habituel, et qu'on tourne tout ce qui se passe à la blague, qu'on justifie sur l'esprit carabin, on ne se rend pas compte que ce n'est pas normal. On peut en souffrir, mais on se dit : "Bah c'est pas grave, je vais prendre sur moi et puis ça se passera mieux dans le stage d'après."”
“Certaines jeunes femmes ont arrêté leurs études parce qu'elles ont perdu confiance en elles”
Ces remarques étaient “constamment” tournées “à la blague” par ces médecins qui avaient ces comportements inappropriés. “Donc on ne sait pas forcément comment réagir face à ça. Et surtout,on n'a pas envie de faire de vagues ni de se faire remarquer, parce que cela peut signifier derrière plus d'heures au bloc opératoire, plus d'heures en stage, une pression avec la possibilité qu'on invalide notre stage en tant qu'étudiant. Donc, ça a quand même un impact potentiellement négatif aussi sur nos études et sur la suite” précise Marine Lorphelin. Elle ajoute que “certaines jeunes femmes ont arrêté leurs études parce qu'elles ont perdu confiance en elles. J'ai reçu pas mal de messages aussi de jeunes femmes qui n'ont pas encore osé parler et qui disaient qu’elles ne pouvaient pas parce qu'elles ont un peu le poste rêvé dans l'hôpital près de chez elles, et qu'elles ne sauraient pas comment faire si elles perdaient leur travail”.
Enfin, elle explique : “On a le droit aussi de faire de l'humour, évidemment, mais l'humour, il a ses limites, en fait, quand il impacte les autres négativement. Il faut quand même faire bouger un peu justement les instances de direction, les ordres. Voilà, l'Ordre des médecins, aujourd'hui, il doit être plus tranchant, il doit savoir prendre des décisions plus radicales et retirer la possibilité d'exercer à certains qui vont trop loin. Il y a eu beaucoup cet esprit de confraternité, de: "On soutient les confrères", "on est là pour que nos médecins puissent exercer”. Non, il faut aussi pouvoir être plus tranchant et dire stop quand ça va trop loin”.
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