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Vidéo "Liberté, santé, inégalités !" > Le débrief du magazine "Cash Investigation"

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Article rédigé par France 2
France Télévisions

L'équipe de "Cash Investigation" répond à une partie des questions qui ont été posées via le site de Franceinfo et sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag #CashInvestigation… Extrait de "Liberté, santé, inégalités !", une enquête de Gabriel Garcia et Julien Beccu diffusée jeudi 13 janvier 2022 à 21h10 sur France 2.

Pour ce débrief du numéro de "Cash Investigation" titré "Liberté, santé, inégalités !" (replay), Elise Lucet est entourée de Gabriel Garcia, qui a réalisé l'enquête, du spécialiste data Julien Beccu, et de Sophie Le Gall à la rédaction en chef.

Quentin (Loire) > Je suis un jeune médecin généraliste, je viens de débuter (par choix !) dans une ville sous-dotée. Je ne pense pas que la coercition pour la coercition soit la bonne solution. 
Elise Lucet > Personne ne demande la coercition pour la coercition. Il s’agit plutôt d’un encadrement de la liberté d’installation, comme au Québec, pour les jeunes médecins. Avec à la fois des incitations financières s'ils s’installent dans des zones qui manquent de praticiens, et des sanctions financières s’ils ne respectent pas les règles d’installation. Et c’est limité dans le temps puisque cela ne dure que trois ans.

> Et en France, que propose-t-on ? 
Gabriel Garcia > En France, prenons la proposition de la Cour des comptes, par exemple. Elle ne remet pas en cause la liberté d’installation, les médecins peuvent toujours s’installer là où ils le veulent. En revanche, la Cour des comptes propose de ne plus rembourser les consultations des jeunes médecins qui s'installeraient hors des déserts médicaux. C’est ce qu’on appelle le "déconventionnement".

Raphaël (étudiant en médecine -  Lille) > Je remarque avec stupeur que vous n'évoquez à aucun moment le numerus clausus, qui a créé ces dernières décennies une pénurie de médecins qui s'étend sur tout le territoire.
Sophie Le Gall > Nous aurions effectivement voulu parler du numerus clausus avec le ministre de la Santé, Olivier Véran, puisque c’est sous le quinquennat d'Emmanuel Macron qu’il a été supprimé. Malheureusement, le ministre a refusé de s’exprimer dans "Cash Investigation".

> C’est quoi le numerus clausus ?
Sophie Le Gall > Ce terme désigne le nombre maximal d’étudiants reçus au concours de médecine. Et ce qui est étonnant, c’est qu’il a été mis en place dans les années 1970, à la demande des syndicats de médecins, qui souhaitaient alors limiter le nombre de praticiens. Cette mesure avait aussi un avantage pour les pouvoirs publics : limiter la progression des dépenses de santé. Bref, à l’époque, cela arrangeait tout le monde.

> Qu’est-ce que cela change, la suppression du numerus clausus ? 
Gabriel Garcia > En fait, depuis la suppression du numerus clausus, qui est très récente, il y a davantage d’étudiants inscrits en médecine. Mais ces études étant très longues, les patients ne pourront mesurer ses effets que dans une quinzaine d’années. C’est le temps moyen entre le début des études et l’installation d’un médecin. Les patients devront donc être… patients. 

Florian (Nantes) > Le directeur de l'hôpital de Flers explique qu'il n'y a jamais eu autant de médecins en France qu'actuellement... Je ne sais pas où il a pu lire ça.
Elise Lucet > Le directeur de l’hôpital de Flers a raison. Il y a effectivement en France de plus en plus de médecins. Regardez l’évolution entre 2012 et 2021 : on passe de 215 930 médecins à 227 946. Il y a donc bien un accroissement. Analysons maintenant ces chiffres plus précisément. Toujours sur la même période, le nombre de spécialistes augmente fortement et passe de 114 495 à 127 325. En revanche, chez les généralistes, cela stagne et même cela baisse un peu : on passe de 101 435 à 100 621. Les étudiants sont donc plus attirés par les spécialités que par la médecine générale.

Roman (Puy-de-Dôme) > Y a-t-il un projet de loi visant à limiter, voire supprimer les déserts médicaux ?
Gabriel Garcia > Oui, un projet de loi sera débattu la semaine prochaine à l’Assemblée nationale. C’est le député socialiste Guillaume Garot qui en est à l’origine. Le texte propose notamment d’instaurer pour tous les jeunes médecins, quelle que soit leur spécialité, l’obligation de s’installer pendant trois ans dans les déserts médicaux. Et avant même sa discussion, le débat est vif. 

Louise (Bouches-du-Rhône) > La liberté d'installation est-elle une spécificité française ?
Sophie Le Gall > Non, la liberté d’installation est un concept qui existe dans de nombreux pays, mais à différents degrés. Elle est parfois totale, comme en France, ou plus encadrée, comme au Québec. 

Vous parlez beaucoup du Québec, mais y a-t-il d’autres exemples ?
Elise Lucet
> Oui, il y a l’Allemagne. Là-bas, un médecin n’est autorisé à s’installer que dans les zones où des besoins ont été identifiés. Il y a même un seuil au-delà duquel il ne peut y avoir de nouvelles installations. Si un médecin décide malgré tout de s’installer, il n’est plus conventionné, c’est-à-dire que sa consultation n’est plus remboursée par l’assurance maladie.

Doudou 31 (Haute-Garonne) > Vous parlez des cliniques et hôpitaux qui opèrent des cancers gynécologiques sans autorisation entre 2016 et 2018. Est-ce toujours le cas aujourd’hui ?
Gabriel Garcia >
Si nous couvrons la période 2016-2018, c’est parce que nous avons lancé nos demandes d'accès aux données de santé fin 2019 : les enquêtes de "Cash" prennent du temps... Les données les plus récentes dataient alors de 2018. Pour répondre précisément, il est fort probable que des hôpitaux et des cliniques continuent d’opérer sans autorisation. Aucune sanction n’a été appliquée. L’amendement qu’a fait voter Olivier Véran lorsqu’il était député est resté lettre morte.  

Et si on veut savoir où se faire opérer aujourd’hui ?
Julien Beccu > Si vous voulez connaître les établissements autorisés à pratiquer des chirurgies du cancer, vous pouvez vous rendre sur le site Franceinfo.fr. Nous avons mis en ligne la liste des hôpitaux et des cliniques qui sont autorisés à opérer, pour tous les types de cancers. Ces informations sont très récentes, elles datent de 2021. Ce sont des données fournies par l'Institut national du cancer (INCa).

Jean-Jacques (Moselle) > Vous ne parlez pas de la dialyse à domicile, alors qu'elle offre de nombreux avantages aux patients et est moins coûteuse pour l'Assurance maladie...
Elise Lucet > La dialyse à domicile ne concerne que 3 300 patients sur 48 000 dialysés. Pourtant vous avez raison, elle présente de nombreux avantages. Au lieu de se déplacer dans un centre trois fois par semaine pour quatre heures de dialyse, ce qui est très fatigant, le patient peut faire chez lui des séances de deux heures aux moments où il le souhaite. La dialyse péritonéale à domicile, par exemple, coûte moins cher à la Sécurité sociale : 31 000 euros par an et par patient contre 62 000 euros en centre. Mais évidemment, c’est beaucoup moins rentable pour les cliniques.   

Extrait de "Liberté, santé, inégalités !", une enquête de Gabriel Garcia et Julien Beccu, diffusée jeudi 13 janvier 2022 à 21h10 sur France 2.

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