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Manifestation de soignants : les journaux télévisés ont-ils relayé davantage les violences que les revendications ?

Le député Adrien Quatennens (LFI) a reproché aux médias d'avoir davantage parlé des violences survenues lors de la manifestation des soignants que de leurs revendications. Si on regarde les JT de 20 heures de TF1 et de France 2, c'est faux.

Article rédigé par franceinfo - Manon Mella
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Captures d'écran du 20H de TF1 et de France 2, du 16 juin 2020 (CAPTURE ECRAN TF1 et FRANCE 2)

Invité dans la matinale de France Inter, mercredi 17 juin, le député La France insoumise (LFI) du Nord Adrien Quatennens s’est exprimé au sujet des manifestations de soignants qui se sont tenues mardi 16 juin un peu partout en France pour réclamer plus de moyens pour l’hôpital. Le député a critiqué le traitement médiatique qui en a été fait, le soir dans les journaux, reprochant aux médias d’avoir surtout mis l’accent sur les débordements survenus en marge des rassemblements et non sur les revendications des soignants.

Pour vérifier, la cellule Vrai du Faux a décortiqué deux journaux télévisés emblématiques du soir : le 20 heures de TF1 et celui de France 2. Résultat : les violences ont été évoquées, mais de façon marginale. Sur les deux chaînes, l’angle principal choisi est celui des revendications du personnel hospitalier.

Sur TF1, 92% du temps d'antenne sur les manifestations consacré aux revendications

Mardi soir, au sujet des manifestations des soignants, le présentateur du JT de 20 heures de TF1 Gilles Bouleau a commencé son sommaire ainsi : "Ils sont descendus dans la rue, partout en France, pour défendre leur vision de l’hôpital (...) Vous entendrez ce qu’ils proposent pour sauver le système". À aucun moment, dans les titres, le journaliste ne fait référence aux débordements survenus en marge des manifestations. Ce sont bien les revendications du personnel hospitalier qui sont au coeur du sujet.

Une fois le sommaire terminé, le journaliste lance donc le sujet et le reportage sur les manifestations de soignants. Voici ce qu’il dit : "Ils s’étaient donnés rendez-vous sur l’esplanade des Invalides. Des milliers de soignants ont voulu faire entendre leur voix et leurs revendications." Après ça, une seule phrase est consacrée aux débordements survenus à Paris : "Un rassemblement qui a donné lieu à des incidents, des black blocs, des utlra-jaunes et autres casseurs (...)."

Si les violences ont effectivement été évoquées, ce n’est pas l’angle principal. Le journaliste Gilles Bouleau poursuit directement en disant : "Que réclament concrètement les deux millions de professionnels de santé ? Des hausses de salaire (...) mais les revendications vont bien au-delà". Le journaliste poursuit en lançant le reportage qui est uniquement consacré aux revendications des professionnels de santé. Il est d’ailleurs titré dans le bandeau ainsi : “Hôpital : de quoi ont besoin les soignants ?”

Au total, le journal télévisé de TF1 du mardi 16 juin aura dédié 2 minutes et 10 secondes aux revendications des soignants et 10 secondes aux débordements en marge de la manifestation.

Dans le JT de France 2, seulement 3% sur les débordements

Quant au sommaire du 20 heures de France 2, le sujet des manifestations de soignants est présenté de manière équilibrée. Une phrase est consacrée aux revendications et une deuxième aux violences : "Des dizaines de milliers de soignants étaient dans les rues de Paris et de province pour réclamer des hausses de salaires, ouverture de lits...". La journaliste Anne-Sophie Lapix poursuit ainsi : "Dans la capitale le défilé a dégénéré alors que des black blocs se sont mêlés au cortège."

Le sujet des manifestations de soignants est ensuite traité en trois parties. Le premier sujet porte sur leurs revendications. "Fini les applaudissements, place aux rassemblements (...) Les personnels soignants s’inquiètent de retrouver leur ancienne vie : des services saturés, des lits qui ferment et des salaires toujours pas à la hauteur", dit Anne-Sophie Lapix avant de lancer le reportage. Ce dernier, intitulé “Hôpital : des soignants désabusés”, raconte pendant deux minutes la crise que traverse l’hôpital public français depuis plusieurs années. La parole est donnée à une infirmière, une interne en médecine, une pédiatre et une infirmière en réanimation.

Dans la deuxième partie, la présentatrice Anne-Sophie Lapix reprend la parole pour évoquer les débordements survenus en marge de la manifestation parisienne. La séquence dure 10 secondes et dit ceci : "À Paris les autorités ont compté 18 000 manifestants mais des black blocs ont rejoint leurs rangs et des accrochages ont eu lieu avec la police en marge du défilé place des Invalides. 32 personnes ont été interpellées".

Aussitôt la journaliste reprend : "Mais revenons aux revendications des manifestants soignants". Anne-Sophie Lapix amorce ainsi la troisième partie du sujet consacrée à la pénurie de manipulateur en radiologie à l’Assistance Publique-Hôpitaux de Paris, l’APHP, et au manque d’attractivité dont souffre le milieu hospitalier. Le reportage dure 3 minutes. 

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