Hôpital : le bonus pour les médecins libéraux, "c'est incitatif, c'est ce qu'on demande depuis un an", indique le président de la CSMF
"C'est un très gros travail qu'a fait en un mois cette "mission flash"", a reconnu sur franceinfo Luc Duquesnel, généraliste en Mayenne et président de la branche "généralistes" de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF).
"C'est incitatif, c'est ce qu'on demande depuis un an", répond vendredi 1er juillet sur franceinfo le docteur Luc Duquesnel, généraliste en Mayenne et président de la branche "généralistes" de la Confédération des Syndicats Médicaux Français (CSMF) après les annonces faites par Elisabeth Borne en déplacement dans un centre hospitalier de Pontoise (Val d'Oise), au lendemain de la remise des propositions de la "mission flash" censée apporter des solutions aux soignants cet été.
franceinfo : Est-ce que cette majoration de la rémunération de 15 euros pour accueillir des patients qui ne sont pas ceux habituels, c'est suffisamment incitatif ?
Luc Duquesnel : C'est incitatif. C'est ce qu'on demande depuis un an. Ce sont des patients qu'on ne connaît pas donc ce sont des consultations qui ne vont pas se faire en cinq minutes. Donc oui, c'est incitatif. En tout cas, c'est de nature à inciter des médecins qui vont déjà avoir beaucoup de travail cet été, à répondre positivement quand le centre 15 va les appeler. Et puis, on va tous jouer le jeu. On n'a pas le choix. Avec la septième vague du Covid, on est assez inquiets pour cet été. Le but des médecins généralistes, c'est d'être main dans la main avec les médecins hospitaliers pour essayer de répondre au mieux et qu'il n'y ait pas de perte de chance pour les Français dans la prise en charge de leurs problèmes de santé cet été.
Que pensez-vous des propositions faites dans cette "mission flash" ?
C'est un très gros travail qu'a fait en un mois cette "mission flash". Parmi ces 41 mesures, certaines sont importantes pour nous. Par exemple, la priorité pour nous, c'était de nous permettre d'économiser du temps médical. Ça correspond à favoriser la téléconsultation, c'est l'acheminement de patients vers des lieux de consultation. Dans les zones rurales, on fait encore beaucoup de visites alors que l'état de santé des patients leur permet de se déplacer. Parfois on fait des visites, ça nous prend une heure, alors que si on était au cabinet on prendrait en charge quatre patients. Autre point important que l'on demande depuis 10 ans : l'organisation des week-ends. C'est important pour nous de savoir que quand on travaille déjà 52 voire 57 heures par semaine, on peut se considérer en week-end le vendredi soir à 20 heures, à partir du moment où il y a une organisation qui est mise en place le samedi matin pour répondre à toutes les demandes de soin des Français.
Est-ce que la médecine de ville va pouvoir répondre présent ?
Je crois que la médecine de ville, comme l'hôpital d'ailleurs, va être confronté cet été au même problème. Alors bien sûr on va répondre présent mais si je prends l'exemple des médecins généralistes : quand leurs confrères sont en vacances, très peu sont remplacés, c'est-à-dire que ceux qui seront dans leur cabinet vont devoir prendre en charge leur patientèle ainsi que la patientèle de leurs confrères absents. Et puis quand les urgences sont fermées, ça créé un afflux vers les cabinets de médecine générale mais aussi vers la garde de médecine générale.
"Aujourd'hui, quand un service d'urgences est fermé, c'est trois fois plus de patients. Le soir à partir de 20 heures, au niveau de la régulation du centre 15, on a trois fois plus d'appels de patients."
Luc Duquesnel, généraliste en Mayenneà franceinfo
Que pensez-vous de l'annonce concernant les médecins retraités qui vont pouvoir reprendre du service ?
C'est un pool important de médecins. Aujourd'hui vous avez déjà 13 000 médecins retraités en cumul "emploi-retraite" qui continuent de travailler mais dont l'activité est allégée. On l'a vu l'an dernier dans les centres de vaccination, ils ont joué un rôle majeur pour aider les autres professionnels de santé. C'est une ressource importante. Nous, dans nos cabinets médicaux, on ne trouve plus de remplaçants quand on part en congés. Donc le fait de savoir qu'ils vont pouvoir venir nous aider, c'est un plus. Avec toutefois ce problème : on est déjà le 1er juillet et donc leurs congés sont déjà planifiés. Pour nous, c'est une mesure qui doit être étendue tout le temps au moins pour les 10 années à venir puisqu'on nous dit que la démographie médicale des médecins généralistes va continuer à se détériorer jusqu'en 2035.
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