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"Nous sommes de plus en plus en difficulté dans tous les hôpitaux français", s'alarme le président de Samu-Urgences de France

Marc Noizet, président de Samu-Urgences, déplore sur franceinfo les maux qui touchent l'hôpital français, dont la crise des urgences. Il regrette les fermetures de lits et affirme qu'on manque de spécialistes, comme les médecins-anesthésistes.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les urgences de l'hôpital de Mulhouse (illustration), le 16 janvier 2023.  (SEBASTIEN BOZON / AFP)

"Il nous manque des lits pour accueillir des patients", a indiqué le 24 juillet sur franceinfo Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France. Le nouveau ministre de la Santé, Aurélien Rousseau, qui se réunira le 24 juillet avec les autres membres du gouvernement autour d'Élisabeth Borne pour définir les prochaines priorités, a de nombreux chantiers devant lui : les déserts médicaux et la crise des services des urgences, notamment. Marc Noizet, à la tête des services des urgences de l'hôpital de Mulhouse, fait le constat dans son propre hôpital de cette perte de capacité, qui s'explique par la fermeture de lits, mais aussi "par manque de compétences", a-t-il expliqué. Certaines zones touristiques sont cet été au bord de l'explosion : "Saint-Tropez est véritablement en très, très grande difficulté", a-t-il donné en exemple.

franceinfo : Votre hôpital fonctionne-t-il encore une fois en mode dégradé ?

Marc Noizet, président de Samu-Urgences de France : Nous sommes malheureusement, et malgré des mesures qui ont été prises ces dernières années, de plus en plus en difficulté dans tous les hôpitaux français, et notamment du fait de la crise démographique que l'on rencontre et qui atteint de plein fouet les hôpitaux. Elle est à l'origine d'une perte de capacité à accueillir les patients par fermeture de lits, mais également par manque de compétences. Cela s'illustre, d'une part, par une fermeture de 15 à 20 % sur l'hôpital. Il nous manque des lits pour accueillir des patients. Et puis ça s'illustre également par l'incapacité à pouvoir faire fonctionner totalement normalement nos blocs opératoires. Il nous manque des anesthésistes. Ça s'illustre également par des spécialités qui sont en grande souffrance par manque de médecins. On a par exemple un service d'ORL qui a dû fermer il y a neuf mois de ça, parce que le dernier ORL nous a quittés.

Vous avez dû restreindre l'accès aux urgences ?

Nous n'avons pas eu besoin de restreindre l'accès aux urgences parce que nous avons réussi à maintenir un nombre de professionnels suffisant aux urgences, tant paramédicaux que médicaux. Cela nous permet d'avoir un accès normal. Nous avons pour autant sur deux autres services aux urgences, parce que l'établissement en compte trois, des fermetures perlées de temps en temps, liées à des carences de personnels médicaux sur l'été, on aura cinq ou six dates où on aura des fermetures complètes du service des urgences.

Quelle est la situation sur le plan national ?

C'est un chiffre que tout le monde aimerait bien avoir, mais qui est très compliqué à avoir parce qu'en fait, ça bouge d'un jour à l'autre. Il y a 48 h sur le département, nous avions un service d'urgences qui a fermé une nuit et une journée, qui a rouvert ensuite et qui est refermé aujourd'hui. Sur d'autres départements, vous allez avoir une restriction d'accès pendant 48 h, puis de nouveau un fonctionnement normal. Ça bouge continuellement, donc c'est extrêmement compliqué d'avoir une photographie. Ce qui est sûr, c'est que tous les départements sont touchés de manière assez inégale. On a des régions où il y a beaucoup plus de difficultés, comme par exemple la Normandie et le Grand-Est qui font partie des régions où on a de nombreux services d'urgences qui sont touchés. Certaines zones touristiques sont excessivement compliquées. Par exemple, Saint-Tropez est véritablement en très, très grande difficulté et a dû mettre en place un plan sur l'ensemble du territoire pour arriver à faire affluer des médecins pour pouvoir les aider à tenir, sachant que c'est un service qui multiplie par trois son activité l'été. Je citerai également, par exemple, les Sables-d'Olonne, site excessivement touristique pendant les mois de juillet et août. De la même façon, il a fallu faire affluer des médecins, donc réorganiser les services tout autour pour arriver à maintenir un service ouvert et une qualité de soins pour les patients.

Est-ce qu'il est possible de faire venir des renforts ?

Les renforts sont difficiles à trouver parce que globalement, partout, c'est compliqué. Alors il y en a un actuellement qui reçoit des renforts de la réserve sanitaire, c'est le centre hospitalier de Mayotte qui a été confronté à une très grande difficulté de fonctionnement par carence de médecins urgentistes.

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