Les pesticides seraient responsables de 2% des maladies professionnelles déclarées chez les agriculteurs
Combien de maladies professionnelles sont-elles liées à l’exposition aux pesticides parmi la population agricole ? Ce 15 novembre, à l'Assemblée nationale, trois représentants de la caisse centrale de la Mutualité sociale agricole (MSA) ont été auditionnés par les députés de la Mission d'information commune sur l'utilisation des produits phytopharmaceutiques pour tenter de répondre à cette question.
Peu de réponses y ont été apportées et c'est seulement "poussé dans ses retranchements par les députés" que Patrice Heurtaut, directeur de la santé-sécurité au travail de la MSA, a déclaré que « deux pour cent des maladies professionnelles déclarées au titre du régime agricole sont liées aux produits phytosanitaires », "sans donner d'année de référence", selon l'AFP.
Seul autre chiffre précis fourni : en 2016, 61 assurés de la MSA se sont vus reconnaître une maladie professionnelle provoquée par l'utilisation de pesticides, 25 présentant une hémopathie maligne et 36 autres une maladie de Parkinson.
En France, la justice a déjà reconnu deux maladies comme pouvant être engendrées par l’exposition professionnelle aux pesticides : la maladie de Parkinson, et le lymphome non-hodgkinien. Mais selon une expertise collective de l’Inserm de 2013, deux autres maladies neurodégénératives et sept autres cancers [1] peuvent également découler d’une telle exposition.
La démonstration d’un lien de cause à effet dans le cadre d’une pathologie individuelle est souvent difficile. Pour cette raison, plusieurs familles d’agriculteurs souffrant de maladies potentiellement imputables à l’exposition aux pesticides n’obtiennent pas de reconnaissance de la part de la MSA.
Insistant sur la mission de prévention de son organisme, M. Heurtaut a expliqué que la MSA était "limitée dans [ses] messages" face aux agriculteurs, qui "sont des agronomes" et, à ce titre, utilisateurs de produits de protection des plantes pour lutter contre les maladies et ravageurs afin de préserver les rendements de leurs récoltes et d'assurer leurs revenus. "Chez les jeunes exploitants, le poids économique est plus fort que tous les messages de prévention qu'on va leur faire passer", a-t-il déclaré.
avec AFP
[1] Maladie d’Alzheimer et sclérose latérale amyotrophique d’une part, cancer de la prostate, cancer du testicule, mélanomes malins et tumeurs cérébrales, myélomes multiples, maladie de Hodgkin d’autre part.
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