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Couches, lingettes nettoyantes, petits pots... Tous ces produits pour bébés dont vous devriez lire les étiquettes

Article rédigé par Louis Boy
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 15min
En février 2017, une étude du magazine "60 millions de consommateurs" a révélé la présence de produits indésirables dans dix des douze références de couches testées, dont une portant des traces de glyphosate (photo d'illustration). (EMMA KIM / AFP)

Après la contamination accidentelle de laits infantiles, début décembre, france info a passé au crible la composition de plusieurs produits destinés aux bébés. Mauvaise nouvelle : plusieurs contiennent des composants inquiétants. Bonne nouvelle : on peut y échapper.

L'annonce a inquiété de nombreux parents de nourrissons : 1 345 lots de laits infantiles produits par le groupe Lactalis ont été retirés du marché, après la contamination d'enfants par des salmonelles. Ce sont plusieurs millions de boîtes, dont une partie avait déjà été écoulée dans le commerce, qui ont été déclarées impropres à la consommation par précaution, après une contamination accidentelle dans une usine.

Cet épisode a pu réveiller les craintes des parents sur ce que consomment leurs nourrissons. Mais si les alertes sanitaires comme celles de Lactalis sont imprévisibles, le danger peut aussi se nicher, de façon pas du tout accidentelle, dans des produits qu'ils achètent quotidiennement pour leurs bébés. Organes gouvernementaux, médecins et associations de consommateurs ont tous pointé ces dernières années la présence de substances toxiques dans différents produits, des petits pots aux lingettes. Franceinfo vous donne quelques conseils pour acheter en toute sérénité.

Le lait : le lait infantile plus sûr que le lait de vache

Ce qu'il faut surveiller. L'alerte sanitaire de Lactalis a pu refroidir certains parents adeptes du lait infantile. Mais, quand il n'est pas touché par des contaminations accidentelles, celui-ci n'inquiète pas les autorités sanitaires. En 2016, l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a publié les résultats d'une étude sur l'alimentation des moins de 3 ans. Elle alerte plutôt sur une autre pratique : celle de nourrir des bébés avec du lait animal, qui "n'est pas adapté aux besoins nutritionnels des enfants de moins d'un an". 

Les bébés qui en consomment sont en effet "nettement plus exposés" que les autres aux "polluants organiques persistants" comme les PCB et les PCDD/F. Des composants figurant parmi les principaux perturbateurs endocriniens connus, auxquels des études scientifiques prêtent un impact sur la reproduction humaine, le système neurologique ou encore un lien avec plusieurs types de cancers. Les taux mesurés chez les enfants demeurent cependant "très bas", assure l'Anses.

Les laits d'origine végétale sont également pointés du doigt pour leur insuffisance sur le plan nutritionnel, notamment le lait de soja. On relève par ailleurs chez les enfants qui en consomment un taux trop important de génistéine, un autre perturbateur endocrinien.

Quelle alternative choisir ? "Seuls le lait maternel ou les préparations infantiles permettent de couvrir les besoins du nourrisson", martèle l'Anses. Pas question de bouder le lait en poudre, donc. Si vous vivez dans une habitation aux canalisations anciennes et que vous utilisez de l'eau du robinet pour le préparer, l'Anses vous recommande tout de même de s'assurer que votre eau ne dépasse pas le taux réglementaire en plomb. L'agence a également lancé une étude à paraître fin 2018 ou début 2019 sur la présence possible de contaminants, transmis par la mère, dans le lait maternel. 

Les petits pots : des soupçons de présence de métaux lourds

Ce qu'il faut surveiller. Aide précieuse pour les parents qui manquent de temps, les petits pots de nourriture sont cependant pointés du doigt par l'étude de l'Anses. Selon l'agence, ils sont à l'origine de la présence de huit des neuf composants présents à un niveau "préoccupant" dans l'organisme des enfants étudiés, notamment des métaux lourds.

Les petits pots de poissons et de légumes sont ainsi cités comme source possible de la présence d'arsenic inorganique, cancérogène avéré, et de plomb chez les enfants étudiés. Le poisson, en petits pots ou non, est également considéré comme l'aliment le plus contributeur en PCB et PCDD/F, deux perturbateurs endocriniens connus. Les pots à base de légumes, qu'ils contiennent ou non de la viande, sont responsables de la présence de trois composés toxiques, les mycotoxines T-2, HT-2 et DON, et d'acrylamide, une substance chimique cancérigène et qui endommage l'ADN.

Tous les éléments conditionnés en pots, qu'ils soient en verre ou en plastique, sont des sources de furane, une substance dérivée des PCB et classée comme cancérogène probable.

Enfin, se pose la question des additifs inclus dans les petits pots. L'étude de l'Anses n'en a trouvé aucun qui soit présent à un niveau "préoccupant" pour la santé. Mais l'agence estime que "le risque sanitaire ne peut être exclu" dans le cas de deux additifs qui nécessiteraient des études plus poussées : le palmitate d’ascorbyle (E304) et l'acide phosphorique (E338), utilisés notamment comme antioxydant. A trop forte dose, le second peut provoquer des dépôts de calcium au niveau des reins. L'Anses se dit "dans l'incapacité de conclure" sur le risque présenté ou non par un troisième additif, l'acide tartrique (E334).

Quelle alternative choisir ? L'Anses ne s'alarme pas et recommande surtout de varier l'alimentation des enfants. Ainsi, mieux vaut se limiter à deux portions de poisson par semaine, ces portions devant provenir d'espèces et de provenances différentes. L'agence note aussi que les phtalates, perturbateurs endocriniens connus, sont davantage présents dans les contenants en plastique que dans les pots en verre.

Il vaut mieux "utiliser un matériel exclusivement en verre, et ne jamais chauffer des plats dans du plastique au micro-ondes", abonde Charles Sultan, professeur en endocrinologie pédiatrique au CHU de Montpellier, joint par franceinfo. Le spécialiste va plus loin et estime qu'il vaut mieux "substituer à toute alimentation industrielle" une alimentation préparée par les parents, à base de produits bio.

Les couches : des résidus de dioxine et de glyphosate

Ce qu'il faut surveiller. Dans une étude publiée dans son numéro de février 2017, 60 millions de consommateurs a testé douze références de couches jetables, dont dix obtiennent des résultats "peu rassurants" en matière de substances toxiques. Le magazine a trouvé des traces de plusieurs composants organiques volatils potentiellement toxiques (toluène, naphtalène, styrène...) dans neuf des douze modèles de couches testés.

Des résidus de glyphosate, le fameux pesticide controversé, ainsi qu'un type d'hydrocarbure aromatique polycyclique (HAP), avaient également été retrouvés sur des couches de la gamme écologique de Carrefour. Deux composants respectivement classés cancérogènes probables et possibles par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC). D'autres pesticides, le quintozène et le HCB, ainsi que des traces de dioxines et de furanes sont présents sur des références de couches Pampers analysées par le magazine.

Autant d'éléments d'autant plus inquiétants que "la peau des fesses et des cuisses des bébés est particulièrement abrasive et perméable", explique le professeur Charles Sultan, ce qui fait que l'absorption de ces substances potentiellement toxiques "est particulièrement rapide".

Quelle alternative choisir ? Impossible pour les parents de se passer de couches. Et étudier soi-même leur composition, à la recherche de substances douteuses, n'est pas possible : les fabricants ne sont pas tenus de l'afficher sur les paquets. Cela pourrait changer, car l'Anses a été saisie en janvier dernier pour étudier les risques liés aux couches, et émettre des recommandations sur leur composition, mais aussi l'information des consommateurs.

En attendant, 60 millions de consommateurs explique qu'il ne faut pas trop se fier aux labels écologiques, pas moins contaminés, et distingue deux modèles qui passent son test sans encombres : les couches Mots d'enfants de Leclerc et les Love & Green écologiques. Autre possibilité, plébiscitée par Charles Sultan, mais plus fastidieuse pour les parents : avoir recours aux couches lavables, à condition "qu'elles soient exclusivement en coton" et "qu'on les lave au savon de Marseille" avant qu'elles soient portées une première fois.

Les lingettes pour bébés : attention à un conservateur toxique

Ce qu'il faut surveiller. En juin, l'UFC-Que choisir a étudié la toxicité de 88 produits pour enfants, dont 15 références de lingettes pour bébés. Neuf d'entre elles contenaient des substances problématiques. Principal problème : le phénoxyethanol. Retrouvé dans sept lingettes de six marques différentes, ce conservateur est considéré par l'Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) comme toxique pour le sang et le foie, explique l'association de consommateurs. Il ne doit pas être utilisé dans les cosmétiques destinés aux fesses des enfants de moins de 3 ans, dont la peau est particulièrement poreuse. C'est d'autant plus grave quand l'application du produit n'est pas suivie d'un rinçage, ce qui est le cas pour ces lingettes. Le risque fait cependant débat : le Comité scientifique pour la sécurité des consommateurs, qui dépend de la Commission européenne, estime que ce composé est sûr.

Une référence de lingettes, de la marque Poupina, contient de son côté deux perturbateurs endocriniens avérés ou supposés, le propylparaben (de la famille bien connue des parabens) et le BHT. Enfin, trois références de lingettes présentent des traces d'allergènes. Dont du méthylisothiazolinone (MIT) et du méthylchloroisothiazolinone (MCIT), que la Commision européenne a pourtant bannis des rayons, sur des lingettes qui semblaient cependant avoir disparu des rayons en 2017, selon l'UFC-Que choisir.

Quelle alternative choisir ? Contrairement à celle des couches, la composition des lingettes est désormais indiquée sur les emballages, ce qui permet aux parents d'éviter les substances indésirables, dont l'UFC-Que choisir propose un guide"C'est difficile de se passer des lingettes pour nettoyer son bébé", reconnaît Charles Sultan, pour qui "les familles doivent vérifier la composition" de tous les cosmétiques pour bébés. "Il existe des lingettes bio", note-t-il. Mais leur composition n'a pas été testée par l'UFC-Que choisir dans son dernier comparatif.

Les gels douche pour enfants : des composants toxiques, irritants ou allergènes

Ce qu'il faut surveiller. Les gels douche pour enfant n'échappent pas plus que ceux des adultes aux composants indésirables. Dix des onze références testées en juin par l'UFC-Que choisir posent problème. Quatre d'entre eux contiennent du sodium lauryl sulfate ou de l'ammonium lauryl sulfate, deux "irritants bien connus". Trois contiennent les conservateurs méthylisothiazolinone (MIT) ou méthylchloroisothiazolinone (MCIT), allergènes puissants que l'association conseille de "fuir"

Dans deux gels douche, on trouve du BHT, qui "semble être un perturbateur endocrinien". Enfin, trois gels douche contiennent du phénoxyéthanol, ce conservateur toxique pour le sang et le foie que l'on trouve aussi dans certaines lingettes. Un composant qui ne pose aucun problème pour les adultes, mais présente un risque "significatif" pour les bébés, notamment si le produit est mal rincé. "La période néonatale est une phase de grande vulnérabilité, rappelle Charles Sultan, professeur en endocrinologie pédiatrique. La peau n'a pas encore atteint son degré final de développement et de résistance à la pollution."

Quelle alternative choisir ? Charles Sultan se refuse à conseiller une marque en particulier, mais l'assure : "Il existe des firmes parapharmaceutiques qui font des gels douche pour enfants dénués de produits chimiques". Aux parents de lire attentivement les étiquettes pour traquer les substances indésirables. Il est aussi "tout à fait acceptable" de se passer de gel douche et de laver son bébé "à l'eau et au savon de Marseille".

Les dentifrices : des parabens dans certains tubes

Ce qu'il faut surveiller. Le sodium lauryl sulfate, qui provoque des irritations et des aphtes, est présent dans 20 des 21 dentifrices pour enfants testés par l'UFC-Que choisir en juin. Plus étonnant, on retrouve du propylparaben ou du sodium propylparaben dans trois dentifrices. Membres de la famille des parabens, de plus en plus bannis des produits cosmétiques, ils restent autorisés, mais sont des perturbateurs endocriniens.

Quelle alternative choisir ? Là encore, la solution est de lire attentivement les étiquettes à la recherche de références à ces composants problématiques. Ou de se passer de dentifrice, à condition d'être précautionneux : "Si le brossage est bien fait, les spécialistes nous disent que le dentifrice est accessoire", rappelle le pédiatre Charles Sultan. 

Les biberons et les tétines : le bisphénol A interdit, mais les autres bisphénols subsistent

Ce qu'il faut surveiller. Nombre de parents français ont découvert les risques des perturbateurs endocriniens avec la polémique sur le bisphénol A. Utilisé pour la fabrication de polycarbonate, un type de plastique dur, il a été banni de la composition des biberons en 2011 par l'Union européenne, et même de tous les autres contenants alimentaires en France en 2015. Les biberons semblent donc plus sûrs.

Cependant, des doutes subsistent. Dans le numéro de mai de 60 millions de consommateurs, Bernard Jegou, directeur de l’Institut de recherche en santé, environnement et travail (Irset-Inserm), explique que "le marketing inscrit désormais 'sans BPA', mais on aimerait que tous les substituts utilisés fassent l’objet d’études poussées car certains ont des activités de perturbation endocrinienne équivalentes." En octobre, l'Anses a incité à "la plus grande prudence" au sujet de l'utilisation des bisphénols M, S, B, AP, AF, F et BADGE comme substituts du bisphénol A, notamment dans les biberons. L'agence estime que les données disponibles sont insuffisantes pour évaluer leur dangerosité.

Quelle alternative choisir ? "Je conseille les biberons fabriqués en France et fabriqués en verre", estime Charles Sultan. Il recommande également de ne pas réchauffer au micro-ondes les parties en plastique des biberons.

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