Streptocoque A : pourquoi parents et médecins sont appelés à la vigilance après trois morts liées à des infections
L'augmentation est inhabituelle. Au cours des quinze derniers jours, deux enfants et un adulte sont morts de complications après une infection aux streptocoques A, a annoncé la direction générale de la santé (DGS), mardi 6 décembre. Cette catégorie de bactéries entraîne généralement des infections bénignes comme des angines ou la scarlatine, l'une des principales maladies infantiles. Mais les professionnels de santé signalent "une recrudescence de formes graves et de décès", selon la DGS. Franceinfo vous explique pourquoi médecins et parents sont appelés à la vigilance.
Les cas graves touchent de jeunes enfants
La DGS recense des cas en Occitanie, Auvergne-Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine. Ceux-ci "ont entraîné l'hospitalisation en réanimation d'au moins huit enfants sans facteurs de risque identifiés, parmi lesquels deux sont décédés". Dans les Landes, une fillette de 3 ans est morte après une angine bactérienne qui a dégénéré, rapporte France Bleu. Un membre de la fratrie de la petite fille et un élève d'une école du même secteur ont été hospitalisés. L'Agence régionale de santé (ARS) des Landes appelle les parents à consulter rapidement un médecin en cas de symptômes d'angine, comme les maux de gorge et la fièvre.
La France n'est pas la seule concernée. Au Royaume-Uni, six enfants sont morts de complications liées à une infection aux streptocoques A. L'agence de santé publique britannique note une hausse inhabituelle de ces infections graves, avec 2,3 cas pour 100 000 enfants de 1 à 4 ans cette année contre une moyenne de 0,5 cas pour les années de 2017 à 2019 et 1,1 cas pour 100 000 enfants de 5 à 9 ans, contre une moyenne de 0,3 à la même période entre 2017 et 2019.
L'amoxicilline est en rupture de stock dans les pharmacies
Ces infections aux streptocoques A peuvent être soignées avec des antibiotiques. Or l'amoxicilline, l'un des plus utilisés en France pour les enfants, connaît des ruptures d'approvisionnement, notamment dans sa forme pédiatrique. "C'est vrai que la pénurie d'amoxicilline nous oblige à choisir des traitements alternatifs qui sont moins ciblés", explique à France 3 Auvergne Rhône-Alpes Claire Cheynet de Beaupré, médecin à la maison médicale de l'enfant à la clinique du Val-d'Ouest, à Lyon.
Des organisations de médecins avaient alerté fin novembre sur les risques d'une "crise majeure de santé publique en pédiatrie", en raison du manque d'amoxicilline. "Les stocks des alternatives aux formes pédiatriques d'amoxicilline ne permettront pas de tenir au-delà de quelques semaines", prévenait la Société française de pédiatrie.
La DGS prévoit de "préciser les recommandations de prise en charge des cas et des personnes contacts, notamment dans le contexte actuel de tensions sur l'amoxicilline". Pour l'heure, elle appelle les soignants à procéder à des tests pour diagnostiquer le streptocoque A en cas d'angine, à signaler aux ARS les cas nécessitant l'hospitalisation et à envoyer les souches aux Centres nationaux de référence (CNR) pour procéder à des examens.
Une recrudescence inexpliquée
Santé publique France et le centre national de référence (CNR) mènent des investigations pour évaluer plus précisément la situation épidémiologique au niveau national. A ce stade, les informations recueillies suggèrent que "ces signalements ne sont probablement pas dus à l'émergence d'une souche plus virulente, mais plutôt à une augmentation inhabituelle du nombre de cas", précise la DGS.
Ces cas graves récents n'ont "pas de lien entre eux" et apparaissent provoqués par "des souches différentes", précise la DGS. Les autorités britanniques écartent, elles aussi, pour l'heure, l'hypothèse de l'émergence d'une nouvelle souche.
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