Cet article date de plus d'un an.

Règles plus précoces : "C'est impossible de nier l'impact des perturbateurs endocriniens", juge une gynécologue

Une étude publiée par l'association Règles élémentaires indique que 80% des jeunes filles ont leurs règles avant 13 ans. Une précocité qui s'explique, selon Julia Maruani, par l'impact de facteurs environnementaux.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
80% des jeunes filles ont leurs règles avant 13 ans (illustration). (JANE KHOMI / MOMENT RF / VIA GETTY IMAGES)

"C'est impossible de nier l'impact des perturbateurs endocriniens", juge mercredi 11 octobre sur franceinfo Julia Maruani, gynécologue médicale et secrétaire générale de la Fédération Nationale des Collèges de Gynécologie Médicale (FNCGM), après la publication d'une étude par l'association Règles Elémentaires. D'après leur sondage, 80% des jeunes filles ont leurs premières règles avant 13 ans et même 20% dès le primaire. "On a vu depuis deux siècles l'âge de la puberté baisser", explique la gynécologue, qui reconnaît que c'est "psychologiquement difficile" pour les jeunes filles. La médecin pointe aussi du doigt un "problème d'accès à des toilettes correctes" dans les établissements scolaires.

franceinfo : 20% des jeunes filles ont leurs premières règles dès le primaire, comment expliquer cela ?

Julia Maruani : On a en effet vu depuis deux siècles l'âge de la puberté baisser. Les premières règles arrivaient en moyenne autour de 16 ans en 1750, puis autour de 14 ans dans les années 1900. Des facteurs nutritionnels ont expliqué cette évolution. Depuis la fin du XXème siècle, l'âge des premières règles reste plus ou moins stable : 80 à 90% des filles les ont entre 11 et 14 ans. Mais c'est vrai que les endocrinologues et gynécologues ont l'impression de voir de plus en plus de signes précoces de la puberté, c'est-à-dire les premiers développement des seins ou l'apparition de poils. C'est impossible de nier l'impact des facteurs environnementaux et notamment des perturbateurs endocriniens. C'est difficile de le prouver mais on sait qu'il y a des milliers de produits qui peuvent impacter la puberté.

Que vous disent ces jeunes filles et leurs parents ?

Le premier signe dont les parents parlent, c'est le début pubertaire sur la poitrine. Avant 8 ans, un développement des seins d'une petite fille n'est pas normal et doit amener à une consultation. Souvent il n'y a pas de cause réelle médicale mais on peut aussi proposer un traitement pour ralentir le développement pubertaire. Par contre, à partir de 8 ou 9 ans, on ne va pas proposer de traitement. Mais ce seront des jeunes filles qui auront leurs règles tôt. C'est psychologiquement difficile pour ces petites filles, d'avoir leurs règles ou de voir leurs seins grossir ou des poils pousser. Il y a un décalage entre ces signes de puberté et le fait de toujours jouer à la poupée.

Est-ce aussi compliqué dans le cadre scolaire ?

L'apparition des règles au primaire est souvent compliqué. Mais même après, on a souvent un problème d'accès à des toilettes correctes, isolées. Les jeunes filles ont peur de se tâcher, elles ont honte de ce développement pubertaire rapide. C'est aussi une problématique financière énorme, l'achat de protection hygiénique.

"L'Éducation nationale devrait en parler, mais il faut aussi impliquer les parents. Beaucoup de jeunes filles ne sont pas au courant de ce qui va leur arriver."

Julia Maruani, gynécologue

à franceinfo

Arrivé à 10-11 ans, il est indispensable que les petites filles aient eu des informations sur les règles et les protections hygiéniques, auprès d'une cousine, une sœur ou en voyant les protections périodiques de la maman. En parler et pouvoir en mettre dans son sac.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.