La fessée : d’importantes conséquences psychologiques
Le texte de la députée Maud Petit, qui sera examiné ce 21 novembre en commission des Lois et arrivera dans l’hémicycle le 29, alimentera probablement de vifs débats. Il affirme que "les enfants ont droit à une éducation sans violence", et que "les titulaires de l'autorité parentale ne peuvent user de moyens d'humiliation tels que la violence physique et verbale, les punitions ou châtiments corporels, les souffrances morales".
Cette dernière décennie, plusieurs études ont appuyé l’importance de lois proscrivant l’usage de toutes punitions à caractère physique contre les enfants. En 2016, une méta-analyse synthétisant des recherches conduites auprès de plus de 160.000 enfants a confirmé que la fessée n’était associée "à aucune issue positive" pour l’enfant, à aucun titre. Tout au contraire, les enfants subissant des fessées tendaient à développer, dans l’enfance et à l’âge adulte, des comportements antisociaux et violents (à l’égard d’autrui et d’eux-mêmes) et de nombreux troubles mentaux (troubles anxieux, conduites addictives, risque suicidaire, etc.).
Ces résultats, liés à des études menées dans des à haut revenus, peuvent être généralisés à plus grande échelle, comme le montre une étude publiée ce 19 novembre dans la version en ligne de la revue Child Abuse & Neglect. Collectées par l’UNICEF dans 62 pays en voie de développement ou en développement, les données étudiées concernent plus de 200.000 enfants. Elles confirment que, quelle que soit la culture ou le contexte culturel – qui sert parfois à légitimer la fessée – les conséquences comportementales et psychologiques sont analogues à celles observées dans les pays les plus aisés.
Une loi symbolique ? Oui, mais un symbole efficace
Si le bien-fondé des lois "anti-fessée" semble donc difficilement contestable, leur promulgation a-t-elle un effet concret sur le comportement des adultes ? Une revue de la littérature scientifique menée en 2015 par l’ONG End All Corporal Punishment of Children confirme l’efficacité de la mesure, avec des effets qui vont bien au-delà de la seule fessée. En effet, dans des pays comme la Suède ou la Finlande, les violences les plus graves ont également chuté de moitié depuis l’entrée en vigueur de la loi. Selon toute vraisemblance, la condamnation politique des "violences éducatives" et l’instauration de lois que d’aucuns jugent "symboliques" a des effets très concrets sur la vie de nombreux enfants.
Dans le monde, 54 pays (essentiellement en Amérique Latine, en Europe et en Afrique) ont déjà interdit le recours aux châtiments corporels sur les enfants. En 2015, le Comité européen des droits sociaux (CEDS) avait considéré que l’absence de texte de loi Française en ce sens constituait une "violation" de la Charte sociale européenne.
Ne pas fermer les yeux sur la maltraitance
En cas de soupçons de maltraitance sur un enfant, il est possible de trouver un interlocuteur en composant le numéro gratuit 119 (Allo Enfance en danger). En 2016, 33.000 des 470.000 appels à cette plateforme ont donné lieu à un traitement.
À l’occasion de la Journée internationale des droits de l'enfant, le 20 novembre, l'association L'Enfant bleu mettra en ligne un dispositif complémentaire sur Internet, alerterPourSauver.org.
la rédaction d’Allodocteurs.fr
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