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Ebola : l'épidémie recule, mais tout reste encore à faire pour "reconstruire le système de santé"

8.600 morts depuis la réapparition du virus Ebola. C'est l'Afrique de l'ouest qui est touchée, notamment 3 pays : la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. Mais il y a des signes d'espoir. L'épidémie perd du terrain, mais il faut rester vigilant, explique Stéphane Roques, directeur général de Médecins Sans Frontières. L'enjeu de demain : reconstruire le système de santé dans ces pays fragilisés.
Article rédigé par franceinfo
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  (Un membre du personnel médical soigne un jeune patient Ebola au centre de traitement MSF à Monrovia, Liberia  © MaxPPP)

Le Mali a officiellement annoncé la sortie de l'épidémie ce dimanche, à l'issue de 42 jours sans aucun nouveau cas. Les efforts des autorités et des équipes de santé se concentrent désormais sur trois pays : la Guinée, le Liberia et la Sierra Léone, où le nombre de cas diminuent.

"Actuellement on constate une diminution des cas confirmés. Ces 3 dernières semaines, ont été recensés 1.000 cas confirmés porteurs du virus Ebola. C'est  beaucoup moins que ces derniers mois où on a eu jusqu'à 3.000 cas sur des périodes comparables", explique Stéphane Roques, directeur général de Médecins Sans Frontières (MSF).

Quels sont les critères pour déclarer la fin de l'épidémie dans un pays comme le Mali ? "Le principe, c'est d'attendre 2 fois 21 jours sans nouveau cas. Donc oui au Mali l'épidémie a été déclarée comme terminée". Il y a aussi une "forte diminution au Liberia, mais encore un nombre de cas très important en Sierra Leone."

  (Où en est l'épidémie Ebola en Afrique ? Le bilan de l'OMS au 14 janvier 2015 © IDE)

"Attention, ce n'est pas la fin de l'épidémie"

Une diminiution, certes, mais prudence, ce n'est pas la fin de l'épidémie, insiste Stéphane Roques. Il faut bien comprendre et surveiller ce recul. "Nos équipes poursuivent donc à la fois la prise en charge des quelques cas et un travail d'épidémiologie. Plusieurs fois pendant l'épidémie on a cru qu'elle s'arrêtait et en fait elle a rebondi. Oui, les signaux sont encourageants mais il faut rester vigilant ".

En Guinée les écoles et les universités ont rouvert leurs portes ce lundi, sans grande affluence, de nombreux parents n'ayant pas eu le temps de se préparer à la rentrée et de rejoindre leurs zones d'affectation. Dans ce pays comme au Mali ou au Sénégal, le travail de sensibilisation a porté ses fruits, selon le directeur général de MSF.

"L'information et la sensibilisation paient beaucoup et le travail reste à faire dans des zones qui jusqu'alors ont été plus épargnées, pour éviter qu'on assiste à un éventuel rebond dans ces zones ".

L'urgence de demain : "reconstruire le système de santé "

Une vigilance importante est toujours observée au Mali, en Côte d'ivoire et au Sénégal pour éviter l'apparition de nouveaux cas. Mais l'urgence de demain, c'est de "réamorcer le système de soins dans son ensemble ", selon Stéphane Roques.

"L'enjeu maintenant est de passer à l'étape suivante qui, elle, va prendre des mois et des années, pour reconstruire ce système de santé qui était déjà défaillant avant l'épidémie. Aujourd'hui il est plus que défaillant, de nombreux personnels de santé sont morts, malheureusement. Il est plus qu'urgent de vérifier la fin de cette épidémie, de l'accompagner au mieux pour les patients concernés, mais surtout d'investir avec les autorités sur des soins pédiatriques, sur la prise en charge du palu et de la malaria. Tout un enjeu de santé publique dans des zones vraiment dévastées aujourd'hui sur lequel il faut absolument que les bailleurs et les soutiens internationaux se mobilisent ".

Stéphane Roques, directeur général de Médecins Sans Frontières
 

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