Vidéo Des femmes en lutte contre leur dépendance à l’alcool, "un ennemi quand même assez coriace..."
Depuis plus de dix ans, un service de l’hôpital Saint-Anne à Paris accueille des femmes alcooliques qui souhaitent rompre avec leur addiction. Des réunions sont organisées pour qu’elles puissent parler de cette souffrance faite de culpabilité, de honte, et sortir de leur solitude… Extrait du magazine "13h15 le dimanche" du 22 juillet.
Une consultation d’alcoologie spécialement destinée aux femmes a été ouverte en 2007 à l’hôpital Saint-Anne, à Paris, par Fatma Bouvet de La Maisonneuve, psychiatre spécialiste des addictions. Chaque année, le service reçoit une centaine de femmes dépendantes à l’alcool. Pour rompre avec leur solitude, les soignants organisent régulièrement des groupes de parole à leur intention. Ce jour-là, autour de l’infirmière Rachida Messen et de la psychologue Elsa Taschini, ces femmes partagent leur souffrance, sans aucun jugement :
"Le regard de la société est vraiment terrible. Une femme, ça ne doit pas boire. C’est pas beau…" ; "En vieillissant, si on continue à boire, alors là, elle en prend pour son grade. C’est la vieille pochtronne…" ; "Femme de mauvaise vie, paumée… Alors que les hommes qui se paient des coups, c’est plutôt viril à la limite…" ; "Je faisais comme toi en fait… Je buvais seule, en cachette" ; "Moi, la honte, je la ressens tout le temps. Je n’arrive pas à me défaire de ce sentiment. Je buvais en la présence de mon fils… Il m’a vue quand je cachais des bouteilles."
"Bien comprendre que c’est une maladie"
Les deux soignantes essaient de faire accepter à chacune son parcours souvent chaotique, mais ce n’est pas toujours facile. La parole continue de circuler librement : "Ne plus se souvenir de ce qu’on a dit ou fait, c’est une grande source de honte et de culpabilité…" ; "On se sent coupable d’être alcoolique, jusqu’à ce qu’on nous fasse bien comprendre que c’est une maladie."
"On sait que les femmes alcooliques, c’est lié à une faible estime de soi, explique la psychologue. Regonfler cette estime d’elles-mêmes est un de nos objectifs thérapeutiques." Etre devenue abstinente ne les rend pas forcément fières, alors, Rachida l’infirmière est à leur côté pour les soutenir : "Elles se battent au quotidien contre l’alcool pour pouvoir dire qu’elles sont fières. C’est extraordinaire, parce que l’alcool est quand même un ennemi qui est assez coriace…"
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