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Tabac : "En 15 ans, notre chiffre d'affaires n'a pas augmenté" à cause du trafic, déplore une buraliste

Le président de la Confédération des débitants de tabac va demander, lundi, à l'Etat d'accentuer la lutte contre les vendeurs et les acheteurs de produits de contrebande, particulièrement pénalisant pour le commerce à Toulouse.  

Article rédigé par Frédéric Bourgade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Selon le président de la Confédération des buralistes, Toulouse "est la capitale du marché parallèle du tabac avec Paris", ici dans le 18e arrondissement. (MAXPPP)

Et si les acheteurs de cigarettes de contrebande étaient mis à l'amende ? Le président de la Confédération des débitants de tabac, va défendre l'idée, lundi 4 décembre, devant le ministre des Comptes publics, Gérald Darmanin. Les commerçants redoutent une recrudescence du trafic, fatale pour leur profession, alors que le prix du paquet de cigarettes va grimper jusqu'à 10 euros en 2020. L'inquiétude est particulièrement forte à Toulouse. 

Un trafic à ciel ouvert

Pour avoir du tabac pas cher, tous les fumeurs toulousains connaissent l’adresse. "Je vais à Arnaud B, je demande et j’ai", explique un consommateur, en désignant son lieu d'approvisionnement : le quartier Arnaud Bernard, à deux pas du centre-ville. Sur la grande place de ce secteur, six caméras de surveillance ont été installées, mais le trafic est quotidien, en plein air, au détriment des commerçants.  Béatrice Meurisse, buraliste, s'en plaint. "Les caméras c’est très bien, mais s’il n’y a pas d’action derrière, ça ne sert à rien", regrette-t-elle, souhaitant que les vendeurs soient arrêtés et les acheteurs verbalisés.

En quinze ans, notre chiffre d’affaires pour le tabac n’a pas augmenté. Il aurait dû puisque le prix a énormément augmenté.

Béatrice Meurisse, buraliste à Toulouse

à franceinfo

La commerçante se dit convaincue qu'il n'y a pas moins de fumeurs en France. Ils s’approvisionnent au marché noir ou dans les pays limitrophes comme l’Espagne, affirme-t-elle.

L'approvisionnement au plus près 

Les fumeurs vont également à Andorre. Ils achètent aussi des cigarettes algériennes. Kader encadre une équipe de vendeurs, pour faire, reconnait-il, "de la contrebande".

Si tu restes toute la journée, tu peux faire 200 euros par jour. Tu prends 40 euros de bénéfice sur la cartouche.

Kader, vendeur illégal de cigarettes à Toulouse

à franceinfo

Ses clients sont étudiants, salariés, précaires, chômeurs. Un acheteur, Paul, explique qu'il n'a pas toujours assez d’argent pour acheter un paquet. "Ça devient cher, je sais que ça va passer à 10 euros", dit-il.

Une pénalisation du consommateur réclamée 

Les buralistes réclament l’application de la loi de 2016 qui limite l'importation de cigarettes, pour sa consommation personnelle. Ils demandent aussi la pénalisation du client, qui achète dans la rue, sur le marché parallèle. Le président de la Confédération des débitants de tabac, Philippe Coy, affirme, qu'aujourd'hui, le marché hors des bureaux de tabac, représente 30%.  

Si on n’arrive pas à arrêter les trafiquants, il faut aller au plus près du consommateur.

Philippe Coy, président de la Confédération des buralistes

à franceinfo

"On s’aperçoit de la situation", constate Philippe Coy, mais "l’État ne fait rien", déplore lprésident de la Confédération des débitants de tabac

Le tabac de contrebande pénalise le commerce - un reportage à Toulouse de Frédéric Bourgade

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