Hausse du prix du paquet de cigarettes : "Il aurait fallu augmenter beaucoup plus, d'un seul coup", estime un addictologue
Le prix du paquet de cigarettes va augmenter de 30 centimes, en moyenne, à partir de lundi. L'addictologue, Jean-Pierre Couteron, estime que la hausse doit être plus "brutale" pour avoir un effet de découragement sur les fumeurs.
Le prix du paquet de cigarettes va augmenter en moyenne de 30 centimes d'euros dès lundi 13 novembre, après quatre ans de stabilité. Les cigarettiers répercutent la hausse des taxes décidée par le gouvernement, pour réduire la consommation de tabac. "Idéalement, il aurait fallu augmenter beaucoup plus, d'un seul coup, pour avoir cet effet de découragement" sur les fumeurs, a estimé Jean-Pierre Couteron, addictologue et président de Fédération Addiction, dimanche sur franceinfo.
franceinfo : Beaucoup de fumeurs ne sont pas découragés par cette hausse ; augmenter le prix du paquet, cela ne sert-il à rien ?
Jean-Pierre Couteron : Non, on sait que cela sert à quelque chose. Après, comme dans toute démarche comme cela, il y a un aménagement. Plus la hausse est brutale, plus elle est forte, plus elle joue sur le fumeur. Idéalement, il aurait fallu augmenter beaucoup plus, d'un seul coup, pour avoir cet effet de découragement. Parmis les fumeurs, comme dans toutes les addictions, il y a plusieurs types de profils. Certaines personnes iront sur le marché parallèle. D'autres disent qu'ils y seront insensibles et c'est vrai parce qu'une augmentation trop progressive ne va pas impacter tout le monde. Quand quelqu'un commence à calculer ce que ça lui coûte et ce qu'il économiserait à ne pas fumer, la hausse va commencer à avoir un effet. Ce ne sera donc pas une solution magique, mais elle participe d'une politique globale sur le tabac. Il y a aussi ceux qui ne sont pas encore fumeurs et pour lesquels plus le produit est cher. Moins il est popularisé, moins ils auront envie d'y aller spontanément.
La hausse à 10 euros en 2020 sera plus symbolique, ce sera un cap ?
Ce sera un cap franchi. Cela aurait été bien de le franchir d'un seul coup. Parce qu'aujourd'hui, la hausse à 10 euros, elle aurait marqué quelque chose. Quand elle se fera dans deux ans, on ne sait pas ce que sera le prix d'autres produits à ce moment-là, et un produit s'estime toujours par rapport à d'autres. Mais ce sera un cap, évidemment, un cap symbolique. Pour ceux, par exemple, qui l'ont connu en francs, cela fait un paquet de cigarettes à 70 francs, quand même. Cela fait peur. Le cap symbolique joue toujours. On s'amuse des commerçants qui, dans les grandes surfaces, mettent un produit à 4,99 euros, ou 9,99 euros, mais on sait bien qu'un prix tout rond dissuade un certain nombre de personnes.
Augmenter le prix du paquet quand on sait que la cigarette est plus présente chez les milieux défavorisés, cela ne va pas être un facteur d'inégalité ?
Tout ne repose pas sur le prix. Un certain nombre de mesures contre le tabagisme reposent sur la gestion du travail, la gestion du stress. Se servir de cela pour dire que la politique du prix n'est pas une bonne politique ce serait se tromper. On sait que le prix ne résoudra pas tout, mais le prix participera de cela. À l'inverse, on aimerait que le ministère de la Santé soit plus ouvert sur des solutions alternatives comme le vapotage ou les patchs gratuits et les substituts nicotiniques pour compléter un peu l'échelle des réponses.
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