E-cigarette : pas de fumée sans feu ?
Dans les e-liquides que les vapoteurs inhalent, on trouve un mélange de
différents produits, chaque fabricant ayant ses propres recettes de fabrication.
La société Cigartex, installée au
Bourget près de Paris, a bien voulu nous ouvrir ses portes. Ce fabricant
commercialise de l'e-liquide depuis 2008. Il a une palette de 53 arômes que lui
fournit une société installée à Grasse, dans les Alpes-Maritimes. En fait tout
est made in France, à l'exception de la nicotine achetée en Allemagne ou en
Suisse.
"Nous mettons de la glycérine biologique, 10% d'eau et des arômes" (fabricant)
Et voici comment s'élabore le produit final. Nous sommes devant une
ligne de production avec le PDG de Cigartex. Il flotte dans le local sécurisé
une odeur de fraise. "On fabrique des fioles de 10 ml. On les remplit
avec des arômes choisis. Nous préparons nos lotions nous-mêmes, c'est-à-dire que
nous mettons de la glycérine biologique, 10% d'eau et des arômes alimentaires
ou naturels selon les produits du marché. Nous ajoutons ensuite de l'eau pharmacopée
et pour finir de la nicotine ", explique Pascal Doussinaud, le PDG de
Cigartex, qui a fait le choix de ne pas introduire ni alcool, ni propylène de glycol
dans ses produits.
Quels contrôles ?
Il faut savoir que les cigarettes électroniques, qui ne relèvent pas
des dispositions applicables aux médicaments, dépendent de la réglementation
relative aux substances et mélanges dangereux. C'est donc la répression des
fraudes qui est compétente en la matière. "Nous sommes contrôlés tous les six mois ", assure Pascal
Doussinaud.
Mais "aujourd'hui, les contrôles sont faits sur les gens qui
ont pignon sur rue ", poursuit-il, évoquant l'existence de contrefaçon. "Je
ne citerai pas de nom, mais il y a encore des gens qui mettent en bouteille u
e-liquide dans leur garage. Et aujourd'hui, vous en avez à tous les prix. Vous
avez du e-liquide émanant de Chine vendu en bidon de 200 litres ", raconte
le PDG de Cigartex. Et dans ce cas-là, c'est surtout la nicotine qui pose
problème, elle n'est pas purifiée à 99 %. Elle est industrielle.
Quelles inconnues ?
Arôme naturel ou alimentaire, glycérine biologique, propylène glycol, alcool,
nicotine... tout cela, on l'inhale en
vapotant. Mais connaît-on bien les risques ? Dans le lot de ces produits, il y
a des substances bien connues. Le propylène glycol, ou la glycérine végétale, qui
servent à faire la fumée, sont par exemple utilisés depuis longtemps dans
certains médicaments. Quant à la nicotine on la connait bien aussi avec la cigarette.
Il peut y avoir aussi un peu d'alcool. Tous ces produits sont certifiés qualité
pharmaceutique.
En revanche, il y a le cas des arômes alimentaires qui sont faits pour
être ingérés et pas pour être inhalés. Et là, il y a une incertitude. De la
même façon, il y a de l'incertitude lorsque l'on met ces liquides dans des
cigarettes de mauvaise qualité où le plastique notamment peut relâcher des
produits nocifs pour la santé.
Quel danger ?
Pour répondre à cette question, le mieux est de se tourner vers celui
qui connait très bien cette cigarette électronique, le pneumologue Bertrand
Dautzenberg. "L'e-cigarette est plus dangereuse que de ne rien prendre. Ça
reste un produit irritant, éventuellement addictif s'il y a de la nicotine ",
explique-t-il.
"En revanche, c'est infiniment moins dangereux que la
fumée de tabac. La fumée de tabac tue la moitié des gens qui la consomment
toute leur vie. S'agissant de la e-cigarette, il y a des doutes sur "qu'est-ce
qui va se passer à long terme " mais on est sûr que ça ne va pas tuer une personne
sur deux, ni une personne sur 20, ni une personne sur 200, ni une personne sur
2.000.
"Donc c'est au moins 1.000 fois moins dangereux que la vraie cigarette",
assure le pneumologue
"Je dis souvent que la vraie cigarette c'est l'autoroute
à contre-sens. La cigarette électronique c'est rouler à 140 au lieu de 130. Ce
n'est pas tout à fait dans les clous, pas tout à fait dans les normes, mais ce
n'est pas le même niveau de danger que de rouler sur l'autoroute à contre-sens ",
poursuit Bertrand Dautzenberg.
Le professeur Bertrand Dautzenberg vient de publier : E-cigarette pour en finir avec le tabac ? (Ixelles éditions)
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