Xénogreffe : pour la première fois, un rein de porc transplanté sur un humain fonctionne pendant plus d'un mois

Pour la première fois, des scientifiques new yorkais ont annoncé qu'un rein de porc génétiquement modifié a continué à fonctionner plus d'un mois après sa transplantation dans le corps d'un être humain. Cela pourrait pallier la pénurie d'organes.
Article rédigé par franceinfo, Boris Hallier
Radio France
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Temps de lecture : 2 min
Alexandre Loupy, directeur de l'unité de recherche INSERM sur la transplantation d'organes et Valentin Goutaudier, médecin chercheur. (BORIS HALLIER / RADIO FRANCE)

C'est la première fois qu'une xénotransplantation, ou xénogreffe, de ce genre tient aussi longtemps : 32 jours sans rejet pour un rein de porc génétiquement modifié dans le corps d'un être humain en état mort cérébral. C'est ce qu'ont annoncé des chercheurs de l'hôpital Langone de New York. Un succès scientifique qui a aussi été rendu possible grâce une équipe de chercheurs de l'Inserm, depuis Paris, qui ont analysé les échantillons envoyés par leurs collègues américains.

Cela fait en fait suite à deux premiers essais été réalisés fin 2021 et début 2022, sur des patients en état de mort cérébrale. Une fois les essais terminés, l'équipe française de l'Inserm, spécialiste de la transplantation d'organes, a été contactée pour évaluer la réponse immunitaire du corps humain.

Les précieux échantillons sont simplement conservés dans le tiroir d'un bureau. Le médecin chercheur Valentin Goutaudier brandit l'une de ces petites boîtes. Elle tient dans la paume de sa main. "Vous avez un bloc de paraffine, on voit le tissu, ici. Et ça, c'est un morceau de rein."

Une biopsie de rein de porc génétiquement modifié greffé sur un patient en état de mort cérébrale et analysé par des chercheurs français. (BORIS HALLIER / RADIO FRANCE)

Ce morceau de rein leur a été envoyé depuis la New York University par les médecins qui ont réalisé les premières greffes de rein de porcs génétiquement modifiés. "Des greffes qui, au bout de trois jours continuent à fonctionner, c’est-à-dire que les reins produisaient de l'urine, la fonction rénale marchait convenablement. Il n'y avait pas de signes apparents de rejet", se souvient Valentin Goutaudier. "Les échantillons, ce sont des biopsies des reins qui ont été greffés au receveur humain et notre rôle est de détecter ou non un rejet. Et si on détecte un rejet, d'en comprendre les mécanismes."

Lutter contre la pénurie d'organes

Ces analyses ont permis à leurs collègues américains d'améliorer leur technique jusqu'à ce nouveau succès donc, un rein de porc génétiquement modifié qui tient plus d'un mois : 32 jours sans rejet apparent. Pour Alexandre Loupy, directeur de l'unité de recherche à l'Inserm, c'est un véritable espoir pour en finir avec la pénurie d'organes.

"On peut très bien imaginer le scénario pas si futuriste que ça où, lorsque vous avez une défaillance d'organes et qu'on peut déterminer une échelle de temps, ces fermes de cochons transgéniques vous génèrent votre cochon et vous recevez les organes au bon moment."

Alexandre Loupy, directeur de recherches à l'Inserm

à franceinfo

"C'est vraiment la direction que prennent aujourd'hui les scientifiques, les médecins, pour faire que la xénogreffe puisse être développée dans la pratique clinique", assure le chercheur. En France, près de 12 000 patients sont en attente de dons de reins pour 3 000 à 4 000 transplantations par an seulement. Mais les lois de bioéthique, elles, interdisent pour le moment tout essai de xénogreffe.

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