Inserm : le mari d'Agnès Buzyn retire sa candidature
Médecin et chercheur renommé dans la recherche sur le VIH, Yves Lévy, le président de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), est aussi le mari de la ministre de la Santé Agnès Buzyn depuis plus d'un an. Telle était l'origine de la polémique sur l'éventuel renouvellement de son mandat à la tête du premier organisme de recherche public français en santé humaine. Après des mois de tensions, il a annoncé officiellement qu'il y renonçait le 30 juillet.
"Je ne veux enlever aucune chance à l'Inserm"
Selon Le Monde, Yves Lévy s'en explique dans une lettre envoyée à l’ensemble des salariés de l’Inserm, indiquant : "Dans la situation personnelle qui est la mienne, je considère que toutes les conditions ne seront pas réunies pour conduire ce projet ambitieux (…) je ne veux enlever aucune chance à l’Inserm et nous placer dans une situation dans laquelle l’Institut ne pourrait pas pleinement interagir avec les tutelles".
Théoriquement, en plus du ministère de la Recherche, "les tutelles" de l'Inserm comprennent en effet le ministère de la Santé, ce qui créait un risque de conflit d'intérêt lors de la nomination d'Agnès Buzyn. Le gouvernement y avait répondu dès le mois de mai 2017 en plaçant l'organisme de recherche directement sous l'autorité du Premier Ministre.
Ce sont d'ailleurs les services de Matignon qui ont réagi à cette annonce par un communiqué qui "prend acte de la décision de Yves Lévy de retirer sa candidature à un renouvellement à la présidence de l’Inserm". Et de préciser qu'il "sera prochainement appelé à d’autres fonctions" mais "reste en charge de l’interim à la tête de l’Inserm" comme c'est le cas depuis le 12 juin, date officielle du terme de son mandat de 4 ans.
Cet épisode met fin à des mois difficiles où "le milieu scientifique français" n'a pas vraiment brillé à la une d'une revue scientifique internationale, le Lancet. Au moment où la succession devait se décider, un éditorial regrettait l'opacité de son processus. Jusqu'à cette déclaration de "retrait", le Pr Lévy n'avait ainsi jamais publiquement fait part de sa volonté de poursuivre sa mission. Et sur les six candidats qui se sont présentés le 21 juin à la commission chargée d'arbitrer, seuls deux l'avaient annoncé.
Décryptage de Rudy Bancquart, le 15 juin 2018
"A peine croyable !"
Il s'agit de Jessica Zucman-Rossi (Inserm, université Paris-Descartes) et Philippe Froguel (CNRS, université de Lille et Imperial College de Londres). Et ce dernier réagit surtout à la fin du communiqué du Premier Ministre qui annonce que "le processus de recrutement du PDG de l’Inserm sera relancé dans les prochaines semaines", annulant apparemment le début de la procédure.
Le jour même de la décision, il s'exclame dans un premier tweet, "tout cela me parait à peine croyable, sauf à dire que le processus n'était pas transparent"...
Puis, quelques heures plus tard, Philippe Froguel s'étonne des derniers développements : "selon Matignon, un nouvel arrêté de concours sera promulgué pour "permettre de nouvelles candidatures" qui n'avaient pas osé se présenter avant !!! Bref, les cinq candidats actuels auditionnés étaient trop opposants et pas assez dans la ligne".
De nombreuses réactions se réjouissent d'une "décision sage" mais restent dans l'expectative du résultat final...
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