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Consultations de prévention gratuites chez le médecin : "Enfin !", réagit un syndicat de généralistes qui attendait cela depuis "20 ans"

Pour Luc Duquesnel, de la Confédération des syndicats médicaux français, ces rendez-vous gratuits à 25, 45 et 65 ans vont notamment permettre d'identifier des problèmes médicaux mais aussi des comportements à risque ou des situations de maltraitance.

Article rédigé par franceinfo
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Une consultation chez un médecin généraliste de Clamart (Haut-de-Seine), en février 2021. Photo d'illustration. (IP3 PRESS/MAXPPP)

"On salue cette initiative du ministre de la Santé", a réagi dimanche 18 septembre sur franceinfo Luc Duquesnel président de la branche "généralistes" de la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), alors que François Braun a annoncé que des consultations médicales gratuites seront proposées aux Français à "trois âges de la vie, 25 ans, 45 ans et 65 ans", afin de renforcer le volet prévention du système de santé français. "Avec des consultations de prévention, on serait peut-être moins malade dans les cinq, dix ou trente ans à venir".

Comment accueillez-vous cette annonce du ministre de la Santé ?

Je dirais enfin ! Cela fait 20 ans que les médecins généralistes demandent à ce qu'il existe des consultations de prévention. Notre système de santé en France est totalement basé sur le soin, que ce soit à l'hôpital ou chez le médecin. "Je suis malade donc je vais consulter". Or, avec des consultations de prévention, on serait peut-être moins malade dans les cinq, dix ou trente ans à venir. Ces consultations existent chez les nourrissons, chez les enfants. Il y a trois âges clés dans la vie : 25, 45 et 65 ans où ces consultations de prévention sont à réaliser par le médecin traitant, qui est celui qui connaît le mieux son patient. Oui, on salue cette initiative du ministre de la Santé.

Le dispositif reposera-t-il sur les médecins généralistes ?

Tout va dépendre du contenu de cette consultation de prévention. On espère que ce ne sera pas une consultation "riquiqui" parce que non seulement c'est bien sûr l'examen clinique du patient que les médecins généralistes réalisent, mais aussi l'étude de l'environnement, les facteurs de vulnérabilité. On voit aussi chez beaucoup de jeunes des comportements à risque avec le tabac, l'alcool, le cannabis mais aussi aujourd'hui les écrans, les jeux ou encore les antécédents familiaux.

Une consultation comme celle-là, à 25 ans, doit être aussi la possibilité pour le médecin traitant d'adresser un psychologue un jour, si cela le nécessite.

Luc Duquesnel

à franceinfo

À 25 ans, c'est aussi la santé sexuelle. Par exemple, on voit des jeunes filles qui ont fréquemment, du fait de règles abondantes, des carences en fer qui impactent leur vie de tous les jours. Bon, voilà, tout ça, c'est ce qui fait que finalement, aujourd'hui, ces jeunes qui pour la majorité d'entre eux ne sont pas malades, ne consultent pas.

Et ce serait plus axé sur le dépistage des cancers du sein, cancer du côlon, cancer de la prostate, dit François Braun, à partir de 45 ans. Mais est-ce que vous pensez que cela nécessite de passer par un médecin traitant de toutes les façons ?

Là aussi, il y a tous les comportements à risque qui existent à cet âge-là. Mais c'est aussi toute la vie au travail. On voit de plus en plus de maltraitance, des gens qui sont en souffrance au niveau du travail. Par ailleurs, il y a les antécédents familiaux bien entendu. Mais je crois que là aussi, pour le dépistage, le médecin traitant a d'ailleurs dans son dossier tous les courriers des spécialistes parce que cela peut déboucher aussi sur un adressage vers un médecin spécialiste. Globalement, je crois que c'est le rôle du médecin traitant mais on doit travailler en lien avec d'autres professionnels.

Quand on voit le nombre de jeunes de 25 ans qui ont des problèmes dentaires et qui ne le savent pas ce moment-là, ils ne sont alors pas pris en charge et on se retrouve à 30 ans, à 35 ans, avec pratiquement des gens pour lesquels il faudrait arracher toutes les dents.

Luc Duquesnel

à franceinfo

Etant donné le manque de médecins, les "déserts médicaux", pensez-vous que tout le monde aura accès facilement à ce dispositif ?

On a fait des calculs. Si je prends les 25 ans, c'est à peu près 740 000 jeunes. Vu le nombre de médecins traitants en France, cela veut dire 10 à 15 consultations par an par médecin traitant. Même chose pour les 45 ans, donc cela ne pose strictement aucun problème.

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