Chimiothérapie 5-FU : les autorités rendent obligatoire le test de toxicité, une victoire pour les associations de victimes
L'agence du médicament a annoncé lundi qu'un test sur les patients atteints d'un cancer sera obligatoire avant de démarrer une chimiothérapie au 5-FU. Cette molécule pouvait être mortelle pour certains patients.
"C’est une bonne nouvelle et j’ai envie de dire 'enfin !'" : Céline Lis-Raoux, la directrice de l'association Rose Up, se réjouit de la décision de l'agence du médicament. Elle a annoncé, lundi 29 avril dans un communiqué, qu'un test sera dorénavant obligatoire pour les malades du cancer, pour savoir s'ils peuvent être traités avec des chimiothérapies à base de 5-FU, l’un des médicaments les plus utilisés pour traiter des cancers de type digestif, ORL ou du sein.
La polémique avait éclaté le 4 février dernier : quatre familles de victimes avaient déposé plainte contre X, reprochant aux autorités sanitaires de ne pas avoir recommandé plus tôt ce test qui aurait permis de déceler leur sensibilité à ce traitement, selon leur avocat.
133 décès en 10 ans liés au traitement
Chaque année en France, 80 000 personnes atteintes d'un cancer sont traitées avec cette molécule, mais elle provoque aussi des effets secondaires très graves, notamment pour les malades qui ont un déficit d'une enzyme, l'enzyme DPD. Chez eux, le traitement peut être mortel. Selon le Centre régional de pharmacovigilance de Marseille, entre 2005 et 2015, 133 malades n'auraient pas supporté le 5-FU et en seraient morts, 1 500 auraient été gravement intoxiqués.
Les premières alertes de pharmacovigilance sur les dangers du 5-FU datent de l'année 2000, selon Céline Lis-Raoux : "Ça veut dire qu’il aura fallu 19 ans pour réussir à rendre obligatoire un test qui aurait pu sauver la vie de milliers de personnes. Jusqu’ici, ce n’était pas obligatoire, et certains médecins choisissaient de ne pas le faire, c’est vrai. Pourquoi ? Rationnellement, je n’ai pas de réponse à vous donner, je n’en sais rien."
On jouait vraiment à la roulette russe jusqu’ici avec la santé des gens en se disant 'on va espérer qu’ils ne fassent pas partie des 1% des gens qui sont complètement intolérants'.
Céline Lis-Raouxà franceinfo
Pour la présidente de l'association Rose-Up, "le scandale n’est pas du tout sanitaire, le 5-FU reste une chimiothérapie qui a sauvé des gens, mais il est moral : comment attendre 19 ans pour donner une obligation de tester des gens ?", se demande-t-elle.
Ce test sera maintenant automatiquement prescrit par les médecins. Il coûte 40 euros et sera à terme remboursé par l'Assurance maladie.
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