Pour les fêtes de fin d'année, 70% des Français trouvent "acceptable" de faire goûter de l'alcool aux mineurs

Selon un sondage de la Ligue contre le cancer, une large majorité des Français ne voient "aucun problème à laisser des mineurs boire" de l'alcool durant la période des fêtes.
Article rédigé par franceinfo
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Deux coupes de champagne. (GABRIEL SANCHEZ / MAXPPP)

Dans un sondage réalisé par OpinionWay, pour la Ligue contre le cancer à l'occasion du Dry January ou Défi de Janvier, "70 % des Français majeurs" ne voient "aucun problème à laisser des mineurs consommer de l’alcool" à l’occasion des fêtes de fin d’année. Ils sont aussi "30% à estimer qu’il est possible de servir de l’alcool à des adolescents de moins de 15 ans".

"Les parents sont aussi moins sensibles au facteur de risque 'alcool' que le reste de la population selon ce sondage, 1 parent sur 2 estime que ce n’est pas grave si un mineur goûte de l’alcool pendant les fêtes", contre 46% des Français. 44% des parents considèrent également que "boire de l'alcool devant des mineurs n'a pas d'effet sur leur consommation" contre 41% des Français.

"Un bon moment" pour faire goûter de l'alcool aux plus jeunes

Pour 35% des Français et 38% des parents d’enfants de moins de 18 ans, "boire de l’alcool avant sa majorité n’influencent pas la consommation d’alcool à l’âge adulte". Selon cette même étude, près d'un tiers des Français (32%) pense que "les fêtes de fin d'année sont le bon moment pour faire goûter de l'alcool aux enfants pour la première fois". Ils sont 41% à penser que "faire goûter un verre exceptionnellement aux adolescents est sans conséquence".

Un chiffre qui fait réagir le docteur Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le Cancer, au micro de France Inter : "On sait que plus on commence tôt, plus il y a une habitude du cerveau et une appétence, c'est-à-dire une envie d'y retourner qui va être importante. Et plus on commence tôt, plus les effets de l'alcool sont majorés, puisque les organes ne sont pas terminés, ils sont en cours de construction".

Premier verre de bière, ou de vin, consommé vers 17 ans

L’âge moyen jugé acceptable pour faire goûter de d'alcool pour la première fois aux mineurs diffère en fonction de la boisson. Il est de 15 ans pour le cidre,16 ans pour le champagne, la bière et le vin et 17 ans pour les alcools forts, selon l'étude OpinionWay. 

Autres chiffres de cette étude, plus de la moitié (53%) des Français envisage de "baisser le budget alcool en raison de l’inflation", mais près de 4 Français sur 10 (39%) considèrent la consommation d’alcool pour les fêtes de fin d’année comme "essentielle".

"C'est un problème de santé publique"

Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le Cancer

à France Inter

"L'alcool est le deuxième facteur de cancer en France. L'alcool est dans les premières causes d'hospitalisation en France, la première cause de consultation aux urgences... A un moment où on dit que les urgences sont embouteillées, à un moment où on dit que les malades ne peuvent plus y accéder, il faut se réveiller !" s'insurge Emmanuel Ricard.

Dans cette étude, la Ligue contre le cancer rappelle que l’alcool est pourtant le deuxième facteur de risque évitable de cancers, à l’origine, chaque année, de 28 000 nouveaux cas. "Notre pays a toujours eu une position ambiguë vis-à-vis de l’alcool", dénonce Daniel Nizri, le président de la Ligue contre le cancer. "Les paradoxes des messages de prévention et des messages envoyés par les pouvoirs publics qui n’agissent souvent qu’avec modération, ont une conséquence très claire : si les Français, et tout particulièrement les parents, sont conscients de la nécessité de réduire la consommation d’alcool et de l’interdire pour les plus jeunes, ils banalisent souvent leur propre consommation et celles de leurs enfants". 

Méthodologie du sondage OpinionWay


Échantillon de 1 225 personnes représentatives de la population française âgée de 18 ans et plus. Un suréchantillon a été réalisé afin d’obtenir un total de 528 parents d’enfants de moins de 18 ans. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas, au regard des critères d’âge, de catégorie socioprofessionnelle, de catégorie d’agglomération et de région de résidence. L’échantillon a été interrogé par questionnaire auto-administré en ligne sur système CAWI (Computer Assisted Web Interview). Les interviews ont été réalisées du 12 au 14 décembre 2023.

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