"Dry january" : 48 addictologues appellent le gouvernement à soutenir le mois sans alcool

Évoquant une confiance en le gouvernement "sérieusement altérée", ils attendent "des gestes forts, aussi bien en termes de contenu que de portée symbolique".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
En 2022, seule 11% de la population consommait du vin tous les jours (LIONEL VADAM / MAXPPP)

Dans une lettre adressée à Aurélien Rousseau, ministre de la Santé, 48 addictologues demandent au gouvernement de soutenir le "Dry January", "Défi de janvier" ou mois sans alcool. Ce courrier révélé lundi 11 décembre par le journal Le Parisien [article payant] et dont franceinfo a eu la confirmation, a été écrit par le collège universitaire national des enseignants d'addictologie.

"Si nous, universitaires et enseignants d’Addictologie, prenons la liberté de nous adresser à vous, c’est qu’il nous semble que les récents événements concernant la politique de prévention envers le risque alcool mériteraient d’unir nos forces et nos compétences sur des objectifs de santé publique, plutôt que sur le terrain de l’affrontement", commencent en préambule les addictologues. Selon ces médecins, "la confiance envers le gouvernement pour mener une politique cohérente et résolue" contre l'alcoolisme "est sérieusement altérée. La restauration de cette confiance ne peut passer que par des gestes forts, aussi bien en termes de contenu que de portée symbolique", insistent-ils.

Pour les signataires de ce texte, "soutenir l’opération de mobilisation sociale connue en France sous le nom de 'Défi de Janvier' nous semble être une opportunité de choix. Ainsi que vous le savez, il s’agit d’une opération positive qui consiste pour chacun, dans le cadre d’un mouvement collectif, à s’interroger sur la place que prend l’alcool dans sa vie et de relever le défi de ne pas en consommer pendant cette période", détaille la lettre.

Non moralisatrice et soutenue par l'opinion

Il s’agit "d'une opération de mobilisation sociale sur une base volontaire qui n’est ni normative ni moralisatrice. L’intitulé de cette opération a été choisi précisément pour traduire ces objectifs et mobiliser chacun pour sa santé". Pour ces addictologues, les bénéfices de ce mois sans alcool, "sont attestés dans les pays qui pratiquent des campagnes similaires depuis de nombreuses années, notamment au Royaume Uni".

"Nous savons, bien évidemment, que le soutien à cette mobilisation sociale par Santé publique France a été suspendu. Cependant, depuis 2020 la reprise par un collectif inter associatif a rencontré l’opinion, comme les sondages le confirment régulièrement. Elle est consensuelle et il serait plus que dommage que le ministère de la Santé et de la Prévention, et son agence sur ce champ, continuent de s’en tenir à l’écart", alertent les addictologues.

S'adressant à Aurélien Rousseau, ils écrivent : "Vous avez affirmé votre détermination à lutter contre le risque alcool, l’implication du ministère et de Santé publique France dans le Défi de Janvier serait à la fois un geste fort traduisant votre engagement, mais aussi une main tendue envers l’ensemble des acteurs de l’Addictologie et de la Santé Publique, qui soutiennent tous sans réserve le Défi de Janvier".

L'accord d'Aurélien Rousseau "apaiserait grandement un débat et permettrait de repartir sur des bases sereines. Nous sommes confiants, Monsieur le ministre, dans votre réponse, et c’est pourquoi, en notre qualité d’universitaires et d’enseignants, nous avons pris l’initiative de cette médiation. Sensibles à l’attention que vous porterez à notre requête, nous vous prions de croire Monsieur le Ministre, en l’expression de notre haute considération", concluent les 48 addictologues.

Selon les informations de la cellule investigation de Radio France, le ministère de la Santé avait annulé deux campagnes de préventions ces derniers mois, dont l’une aurait dû être diffusée en septembre pendant la Coupe du monde de rugby. Le ministre Aurélien Rousseau avait précisé sur franceinfo qu'"Aucune campagne n'a été interdite. On a eu un vrai débat sur la nature de cette campagne", en novembre dernier.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.