: Vidéo Quand les intolérances alimentaires rapportent gros
A la recherche d’une alimentation plus équilibrée, vous êtes peut-être tombé sur des vidéos sur les réseaux sociaux qui font la promotion d’analyses de sang pour détecter les intolérances alimentaires.
Sur internet, on trouve aussi des autotests pour une centaine d’euros. Les sites précisent toutefois: “L’intolérance alimentaire est médicalement controversée” .
Pourtant, des médecins généralistes prescrivent ce genre de bilans. Nous avons rendez-vous chez l’un d’entre eux, spécialiste de nutrition, pour lui parler de nos maux de ventre. Après un bref questionnaire, son diagnostic tombe : "La définition de votre problème, c'est un syndrome de l'intestin irritable, explique-t-il. Ce que je peux faire c'est vous dire quels sont les aliments qui ne vous conviennent pas".
Pour nous convaincre de réaliser les tests d'intolérances alimentaires. Il assure pouvoir guérir des maladies en identifiant des aliments qui ne nous réussiraient pas: "J'ai guéri des asthmes en supprimant les produits laitiers. Mais allez expliquer ça au professeur agrégé de pneumologie à l'hôpital... il va vous rire au nez. Mais malheureusement c'est la vérité".
Si les tests contre les intolérances alimentaires ne font pas l’unanimité, ce serait, dit-il, à cause de pressions de l’industrie agroalimentaire: "En France, on n'a pas envie d'attaquer l'alimentation. Vous allez attaques les fromages français ?! C'est l'emblème de la gastronomie française. Vous allez attaquer la baguette française, patrimoine de l'UNESCO?", poursuit le médecin. La consultation nous coûte 130 euros et n’est pas prise en charge par l’Assurance maladie.
Des analyses à plus de 200 euros
Bien décidés à traquer ces aliments qui ne nous conviendraient pas, nous partons en quête de ces analyses, une simple prise de sang. Nous nous rendons dans deux laboratoires, appartenant à des grands groupes de biologie. Le premier nous facture 194 euros…le second, 311 euros. A chaque fois, la promesse est la même: plus de 200 aliments passés au crible et classés selon notre niveau de tolérance supposé.
Résultat: l’un des tests identifie 17 aliments comme problématiques, parmi lesquels le blanc d’oeuf, les petits pois, le lait de vache, ou encore la levure de bière. L’autre test pointe en plus, les haricots blancs et le maïs.
Un manque de recul scientifique selon des biologistes
Avant de nous mettre au régime, nous avons voulu l’avis d’un spécialiste… un allergologue, membre de la Société française d’allergologie.
Pour le Dr Habib Chabane, ces résultats ne détecteraient pas les aliments qui nous rendent malades mais plutôt ceux que l’on consomme souvent. Il affirme que ces tests n’ont aucune valeur médicale: "C'est un test plutôt d'exposition à l'aliment, mais pas forcément un test qui montre que vous êtes allergique ou intolérant à cet aliment. On peut les trouver positifs autant chez les sujets sains que chez les personnes qui se plaignent donc finalement, c'est très difficile de leur attribuer une valeur médicale".
"On peut trouver des tests positifs autant chez les sujets sains que chez les personnes qui se plaignent donc finalement, c'est très difficile de leur attribuer une valeur médicale."
Dr Habib Chabane, allergologueà l'Œil du 20h
Par téléphone, des biologistes reconnaissent qu’il y a surtout un effet placebo avec ces examens coûteux: "Si le fait de payer pour avoir ces analyses contribue au bien-être des patients... je me dis 'pourquoi pas'".
D’autres admettent un manque de recul scientifique: "C'est un peu borderline dans l'argumentation. Moi je ne suis pas à 100%. Mais j'ai rencontré plusieurs dizaines de patients qui me disent que depuis qu'ils ont éliminé tel ou tel aliment, ils n'ont plus de tendinite, plus d'infections à répétition, ils dorment mieux".
Contactés, les laboratoires chez qui nous avons réalisé nos examens affirment pratiquer ces tests dans l’intérêt du patient: “L'objectif est d'identifier des facteurs de risque avant même l'apparition des symptômes. Cette approche n'a pas encore été pleinement adoptée en France”, nous écrit Cerba HealthCare.
Pour Biogroup, “c’est un test qui est extrêmement démocratisé en allemagne et en angleterre. Ce qui compte c’est d’être dans l’intérêt du patient”.
De son coté, la Haute autorité de santé (HAS) affirme qu’elle ne recommande pas ces tests dans le diagnostic des allergies et intolérances alimentaires car ils n’ont pas fait la preuve de leur efficacité.
Parmi nos sources:
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