Eau purifiée illégalement : Foodwatch dénonce une "fraude massive" et porte plainte contre Nestlé Waters et Sources Alma
L'ONG de défense des consommateurs Foodwatch porte plainte ce mercredi devant le tribunal judiciaire de Paris contre Nestlé Waters et Sources Alma, soupçonnées d'avoir traité illégalement leurs eaux en bouteille et de les avoir vendues sans en informer les consommateurs et consommatrices, selon les informations de franceinfo ce mercredi.
Le 30 janvier, une enquête de la cellule investigation de Radio France et du Monde révélait que Nestlé et d’autres industriels avaient caché au public que l’eau qu’ils pompaient était contaminée. Pour continuer de la mettre en bouteille, ils ont eu recours à des systèmes de purification interdits. 30% des marques d'eau en bouteille sont concernées, selon l'enquête.
"Personne, pas même une multinationale comme Nestlé, n’est au-dessus des lois"
Foodwatch dénonce, ce mercredi, une "fraude massive" de ces entreprises. "L’eau en bouteille n’était pas aussi pure qu’on le croyait, écrit l'ONG dans un communiqué. Recourir à des systèmes de traitement de l’eau tels que des filtres à charbon ou des filtres UV, remplir les bouteilles avec de l’eau du robinet, dissimuler ces procédés aux yeux des contrôleurs, commercialiser des produits non-conformes, c’est tout simplement interdit."
Selon l'ONG, "un tiers des eaux vendues en France ont ainsi subi des traitements non-conformes", dont la marque Cristaline, la plus vendue, mais aussi Perrier, Vittel, Hépar et Contrex notamment. Selon l’enquête de la cellule investigation de Radio France et du Monde, concernant Nestlé, "ce sont 100% des marques qui sont concernées par l’utilisation de traitements interdits", rappelle Foodwatch. "Personne, pas même une multinationale comme Nestlé, n’est au-dessus des lois", ajoute l'ONG.
Foodwatch poursuit Nestlé Waters et Sources Alma pour neuf infractions pénales à la directive européenne sur les eaux minérales, au Code de la consommation et au Code de la santé publique.
Elle reproche l'"utilisation de produits et procédés de traitement qui modifient la composition de l'eau dans ses constituants essentiels". Elle pointe une "information fausse et de nature à induire en erreur sur les qualités substantielles du produit", ainsi qu'une "tromperie quant aux qualités substantielles d’une marchandise". L'ONG relève la "non-conformité portant sur une qualité substantielle du produit", la "falsification de boissons destinées à être vendues", et l'"absence de mention des traitements sur l’étiquetage de l’eau minérale". Foodwatch dénonce encore la "modification de la composition analytique de l’eau minérale", l'"absence d’information du ministre chargé de la Santé", ainsi que l'"absence d’information de la Commission européenne et des Etats membres par le gouvernement".
"Complaisance de la France" ?
Foodwatch s'interroge également sur "la complaisance de la France" qui est, selon l'organisation, "mouillée dans cette affaire depuis plusieurs années". La France "aurait dû alerter les autorités européennes et les autres Etats membres importateurs de ces eaux".
L'ONG interpelle ainsi la commissaire européenne à la Santé et la Sécurité alimentaire, Stella Kyriakides, sur la responsabilité de la France dans cette affaire. Elle rappelle que l’appellation eau minérale naturelle est encadrée par une directive européenne stricte. Selon Foodwatch, la France était au courant de la fraude au moins depuis 2021 "mais n’a pas jugé utile d’informer les citoyens ou les autres Etats membres". Elle demande à la Commission européenne de prendre des mesures pour garantir que de telles fraudes ne se reproduisent pas.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.