Levothyrox : "nous sommes face à une crise sanitaire"
Une cinquantaine de patients a porté plainte contre X pour "mise en danger de la vie d'autrui", "tromperie" et "non-assistance à personne en danger". Ils se plaignent d'effets secondaires importants depuis la mise sur le marché en mars 2017 de la nouvelle formule de ce traitement censé lutter contre les problèmes de thyroïde. Entretien avec l'une de leurs avocats, Me Marie-Odile Bertella-Geffroy.
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Dans un premier temps, la ministre de la Santé avait affirmé qu’il n’y aurait pas de retour à l’ancien Levothyrox. Finalement, il sera bientôt disponible dans les pharmacies. L’Etat a-t-il cédé à la pression des patients ?
Me M-O Bertella-Geffroy : "Il y a eu une sorte de rétropédalage de la ministre de la Santé. C’est très bien. Nous sommes face à une crise sanitaire. Il ne faudrait pas que cela devienne une catastrophe sanitaire. Il faut des mesures de prévention, c'est-à-dire changer de formule. On avait un monopole en France avec le laboratoire Merck. On n'a pas eu le choix ni l'information du changement de formule. En France, sur les trois millions de personnes prenant du Levothyrox, il y a 9.000, peut-être 15.000 maintenant, signalements d'effets indésirables. Il faut faire une enquête sur les conditions de fabrication. Je vais écrire aux juges d'instruction de Marseille pour demander une enquête, notamment sur une usine en Chine."
- Qu'attendez-vous de l'action en justice ? Une condamnation du laboratoire ? De l'Etat ? C'est en effet sur des recommandations publiques que le laboratoire a changé la formule.
Me M-O Bertella-Geffroy : "C'est parce que c'est un problème national que j'ai déposé la plainte à Paris. C'est le pôle de santé publique de Paris qui est compétent contre l'administration sanitaire. Dans ce dossier, ce n'est pas le procès qui est important. C'est la prévention."
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Le retour à l’ancien médicament est provisoire. Qu’attendez-vous des autorités sanitaires pour résoudre la crise ?
Me M-O Bertella Geffroy : "Le retour à l'ancien Levothyrox est temporaire. Il faut donc savoir exactement ce qui s'est passé, comment remédier à ce monopole... Les malades n'ont pas le choix de prendre un autre médicament. Dans les autres pays européens, plusieurs laboratoires délivrent ce type de médicaments."
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Que répondez-vous aux pharmaciens et aux pharmacologues qui évoquent un problème de dosage du médicament ?
Me M-O Bertella-Geffroy : "Je demande une enquête sur la préparation du changement de formule. J'ai évoqué une usine en Chine. On va faire des investigations et je pense que le dossier ne s'arrêtera pas là. Ce qui est important, c'est que les personnes n'arrêtent pas de prendre ce médicament, même s'ils ne peuvent pas prendre un autre médicament comme les gouttes qui sont délivrées dans les pharmacies. Ces gouttes sont exactement la même chose que l'ancienne formule. C'est la raison pour laquelle j'ai visé la non-assistance à personne en danger. Il y a des gens qui se sont mis en danger."
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