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Une journée mondiale du fonio : le retour d'une céréale africaine oubliée

Chaque jour cet été franceinfo et la Rédaction internationale de Radio France vous font découvrir une journée mondiale. Ce lundi 27 juillet, c'est la journée internationale du fonio, une vieille céréale qui séduit de New York à Conakry.

Article rédigé par franceinfo, Isabelle Labeyrie
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Un stand de produits à base de fonio produits au Bénin et vendu lors d'une foire à Abidjan (Côte d'Ivoire). (ISSOUF SANOGO / AFP)

Le fonio est probablement la plus ancienne céréale cultivée en Afrique de l’Ouest. On dit qu'elle était déjà cultivée il y a plus de 5 000 ans. Mais cela fait dix ans seulement qu’elle a sa journée mondiale. 

Le fonio ressemble à la semoule du couscous ou plutôt, une fois blanchi, à de tout petits grains de riz, très légers. Certains lui trouvent un goût de noisette.  

Une céréale à décortiquer

Pour transformer cette céréale millénaire, donc avant tout la décortiquer, il faut battre les tiges coupées après les récoltes et les fouler au pied pendant des heures pour séparer le grain qui sera ensuite stocké dans le grenier. Processus fastidieux malgré les encouragements et la musique des griots qui assistent parfois aux opérations dans les villages.  

Au fil du temps, le fonio a donc été considéré comme une culture secondaire, délaissé au profit du riz, pourtant culture d'importation. Ce n’est qu’avec l’arrivée des premières machines de décortiquage et de concassage, au début des années 2000, que sa culture a retrouvé grâce aux yeux des agriculteurs.

La Guinée, principal producteur

Le fonio pousse au Sénégal, au Mali, au Burkina Faso, mais le principal pays producteur, c’est la Guinée. Le président Alpha Condé, qui a fait de l’agriculture un enjeu national en vue de l'autosuffisance alimentaire du pays, visite d’ailleurs régulièrement les usines. Ces cinq dernières années, la production de fonio a progressé de 66% dans le pays qui en exporte plus de 500 000 tonnes par an, et la filière bio se développe, comme au Togo d'ailleurs.

Ce sont surtout les exportations qui dopent le marché : sans gluten, riche en amino-acides, le fonio a l'image d'un aliment "sain" et tout pour détrôner le quinoa au panthéon des mangeurs de graines. Les ventes d’articles sans gluten notamment sont en croissance exponentielle aux États-Unis (+16,4% depuis 2013). En Afrique, l'ancienne culture du pauvre est devenue une fierté pour les paysans, et les surfaces cultivées augmentent.

Un remède à la faim en Afrique ?

Son infatigable ambassadeur est un chef sénégalais, Pierre Thiam, qui vit à New York. Restaurant sur la 5e avenue, société d’import (Yolélé Foods), livre de recettes, leçon de cuisine à la télévision... Le fonio, selon Pierre Thiam, est promis à un grand avenir. "Le fonio peut avoir un réel impact sur des défis comme l'insécurité alimentaire, la pauvreté, le manque d'opportunités", défend le chef

Il est rustique, résiste à la sécheresse, n'a pas besoin de beaucoup d'eau et pousse absolument partout. Tellement facile à cultiver qu’on l’a surnommé "la graine du paresseux". Puisqu’aujourd’hui le monde redécouvre le fonio, il faut utiliser ce potentiel, industrialiser la production et offrir de nouvelles perspectives aux habitants du Sahel. Une céréale à réhabiliter pour rendre honneur à cette légende du peuple Dogon, au Mali, qui dit que l’univers tout entier a germé d’une graine de fonio.  

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