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Nouvelle-Zélande : une députée réalise un Haka pour sa prestation de serment

Loin des longs discours souvent monotones des responsables politiques lorsqu'ils entrent en fonction, la plus jeune députée de l'hémicycle néo-zélandais a frappé un grand et stupéfié le Parlement, en réalisant un Haka du peuple maori pour sa prestation de serment.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Le Parlement Néo-Zélandais en décembre 2023. (MARK COOTE / MAXPPP)

Tout comme le font les All Blacks au rugby, la plus jeune députée de l'histoire politique de Nouvelle-Zélande, Hana Maïpi Clarke, a choisi le Parlement de Wellington pour exécuter un Haka, cette danse guerrière maorie. Du haut de ses 21 ans, les yeux exorbités et le torse gonflé, c'est elle qui a fait trembler ses futurs adversaires politiques, pour sa toute première prise de parole au début du mois de janvier, soutenue par des représentants du peuple maori venus assister à sa prestation de serment. Impressionner ses ennemis, c'est d'ailleurs tout le but du Haka.

Hana Maïpi Clarke a en effet déjà des ennemis politiques : elle accuse, avec à ses côtés les cinq autres députés représentants le peuple natif de Nouvelle-Zélande, la coalition au pouvoir de mener une politique anti-maorie. Le serment d'Hana Maïpi Clarke sonne d'ailleurs comme une entrée en résistance : "Les premiers mots que nous prononçons dans cette chambre sont un serment que je vous fais. Je suis à votre service à l'intérieur et en dehors de ce Parlement. Je mourrais pour vous dans cette chambre et je vivrais pour vous à l'extérieur de ces murs, a-t-elle déclaré. À tous les enfants maoris et à tous nos petits-enfants, je dis : ils peuvent s'en prendre à moi, mais je ne les laisserai pas vous attaquer."

Des réformes contre le droit des Maoris

Ce message s'adresse aux membres de la coalition libérale du Premier ministre Christopher Luxon, soutenu par les conservateurs et les populistes et à l'origine d'une douzaine de réformes destinées à réduire les droits des peuples autochtones. Son principal argument est que ce sont des lois racistes, car elles "sont fondées sur l'appartenance à un peuple."

Christopher Luxon veut par exemple réduire la présence de la langue maorie sur le territoire néo-zélandais, en changeant le nom de plusieurs départements, supprimer l'utilisation de la langue maorie dans la fonction publique, mais surtout supprimer l'autorité sanitaire maorie. Cette institution veille à ce que son peuple soit bien pris en charge par le système de santé néo-zélandais.

Il y a évidemment d'autres mesures de ce type qui remettent en cause le Traité de Waitangi, l'acte fondateur de la nation néo-zélandaise, signé en 1840, qui garantit l'égalité de traitement entre les Maoris et les colons britanniques. C'est précisément ce document que les conservateurs néo-zélandais tentent aujourd'hui de réécrire. Voilà de quoi comprendre peut-être un peu mieux la posture guerrière d'Hana Maïpi Clarke, pour sa première apparition au parlement de Nouvelle-Zélande.

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