Venezuela : les candidatures à la présidentielle sont closes, onze candidats face à Nicolás Maduro

Les Vénézuéliens seront appelés aux urnes cette année. Et depuis ce lundi 25 mars, on connaît le nom des candidats qui ont osé se présenter face à Nicolás Maduro. Mais celui-ci a balayé l'opposition et minutieusement préparé sa réélection.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Nicolas Maduro salue ses partisans alors qu'il arrive au siège du Conseil électoral pour officialiser sa candidature, à Caracas le 25 mars 2024. (RONALD PENA / AFP)

Qu'est-ce qui a bien pu motiver ces candidats à se lancer dans cette aventure ? Au Venezuela, cinq ans après la tentative de Juan Guaido de contester la légitimité de Nicolás Maduro à la présidence du pays, de nouvelles élections sont programmées le 28 juillet 2024. Depuis lundi 25 mars, les candidatures à la présidentielle sont closes et on connaît le nom des onze personnes qui affronteront Nicolás Maduro.

Depuis cinq ans, 7,7 millions de Vénézuéliens ont quitté le pays, soit près d’un quart de la population. C'est la deuxième crise migratoire la plus importante, après l’exode syrien de 2015. Le régime de Nicolás Maduro a méthodiquement vidé le territoire des mouvements d’opposition les plus menaçants. Ce sont les conséquences d’une répression massive et de l’isolement politique de Maduro qui a plongé le pays dans une violente crise économique. Ceux qui s’opposent encore à Nicolás Maduro aujourd’hui sont des survivants. Il y a 11 candidats officiels face au président Maduro, mais si on regarde dans le détail, 10 sont issus d’un mouvement pro-gouvernemental. Il ne reste donc que Manuel Rosales, gouverneur de l’Etat pétrolier de Zulia, déjà candidat face à Hugo Chávez en 2006. Rosales s’est inscrit lundi à la toute dernière minute.

La candidate de l'opposition ne peut pas accéder au Conseil électoral

Les dernières heures du dépôt de candidatures ont été particulièrement nerveuses. C'est l’illustration de la méthode d’écrémage de Maduro pour maintenir l’illusion du processus démocratique au Venezuela. Un écrémage en deux temps. D'abord, les primaires de l’opposition en 2023 où la candidate ultralibérale María Corina Machado est élue. Mais curiosité ou scandale de la loi vénézuélienne manipulée par le régime, cette loi interdit au vainqueur des primaires de se présenter à une élection pendant 15 ans. Ce qui est assez contre-intuitif.

Le deuxième temps de l’écrémage a eu lieu lundi. María Corina Machado ne pouvant pas se présenter, elle a désigné Corina Yoris, professeure d’université qui s’est naturellement présentée devant le Conseil électoral vénézuélien. "Nous n’avons pas pu entrer, car c’est juste impossible physiquement d’entrer dans le Conseil électoral. La zone est militarisée. On a même essayé d’entrer en plusieurs groupes. C’est quoi le problème avec moi ? Je pense que ce n’est pas moi, mais le fait que je représente aussi María Corina Machado. Ce qu’ils veulent, ce sont des candidats qui s’adaptent au pouvoir, des candidats potables", explique Corina Yoris.

Il y a toujours le candidat de dernière minute qui fait partie de la coalition d’opposition, mais ce n’est pas le choix naturel des opposants. Le terrain est parfaitement dégagé pour Maduro, peut-être encore plus qu’il y a cinq ans, lorsqu’une grande partie de la communauté internationale avait soutenu aveuglément son adversaire Juan Guaidó. Entre-temps, les sanctions américaines ont été levées, la crise énergétique a rendu le Venezuela de nouveau fréquentable et Washington et Paris discutent avec Caracas, comme à la belle époque.

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