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Venezuela : des dollars plutôt que des bolivars

Situation paradoxale au Venezuela, où la devise américaine est en voie de remplacer la monnaie locale. Un camouflet pour le régime de Nicolas Maduro, visé par les sanctions économiques de Washington.

Article rédigé par Bertrand Gallicher
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Un homme montre un nouveau billet de bolivar, à Caracas, le 14 avril 2021. (FEDERICO PARRA / AFP)

Le régime vénézuélien, qui fanfaronne sur sa capacité à gérer ce pays ruiné, doit se résoudre à l’admettre. Aujourd’hui, le dollar américain est la seule monnaie acceptée à Caracas. À l’exception des chauffeurs de bus privés qui acceptent encore les bolivars, tous les échanges dans la capitale sont fondés sur le billet vert. À l'échelle du pays, les deux tiers des transactions commerciales se font en dollars. Le tout puissant président Maduro est obligé de reconnaître l’effondrement de la monnaie nationale au profit de la devise américaine, qualifiée de "soupape" face aux sanctions internationales. Son ministre de l'Économie parle d’une situation temporaire, en laissant entendre qu’elle pourrait durer des années.

Le régime incapable d’enrayer un basculement vers le "tout dollar"

C’est une réalité qui échappe à la main de fer imposée par le pouvoir vénézuélien. Après avoir dévasté ce pays autrefois riche et toujours gorgé de pétrole, le régime a tenté à plusieurs reprises de freiner l’hyperinflation, mais en vain. Le mois dernier, trois nouveaux billets émis par la Banque centrale du Venezuela sont entrés en circulation. Le plus gros d’entre eux – un million de bolivars – représentant un demi-dollar. Depuis, la valeur de la monnaie vénézuélienne a continué de couler, rongée par une inflation officiellement estimée l’an dernier à 3 000%. Le vrai chiffre serait en fait bien supérieur, selon des économistes, qui dénoncent la politique de la planche à billets. Entre 2013 et 2019, le produit intérieur brut du Venezuela a diminué de moitié.

L'effondrement du pays fait du dollar la monnaie de référence

Tous les Vénézuéliens – y compris ceux qui soutiennent encore Maduro, et il y en a – ne peuvent que constater la faillite économique du régime, et tentent de survivre avec la seule monnaie crédible sur place. À condition que la devise américaine soit disponible, ce qui n’est pas le cas partout. La classe moyenne a quasiment disparu, ruinée ou réfugiée à l’étranger. Un cinquième de la population a préféré s’enfuir. Restent les proches du pouvoir qui continuent de profiter des prébendes du système. Et à côté, l’immense majorité des Vénézuéliens, plongés dans la pauvreté.

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