Une nouvelle base arrière américaine, en Australie, pour la fabrication de munitions

En 2024, même la plus grosse industrie de défense au monde, les États-Unis, n'arrive plus à suivre. Alors, ils s'appuient sur leur allié australien, qui vient d’inaugurer une toute nouvelle usine de fabrication de missiles, ceux que les spécialistes de défense considèrent comme l’armement "star" de la guerre en Ukraine : le Himars.
Article rédigé par Olivier Poujade
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un système de fusées d’artillerie à haute mobilité, Himars, utilisé par l'armée ukrainienne, près de Kherson, le 5 novembre 2022. (HANNIBAL HANSCHKE / EPA / MAXPPP)

Le Himars est un type d’artillerie dont on dit qu’à lui seul, il a permis de stopper l’avancée des troupes russes, et même de révolutionner la stratégie militaire. Tous les conflits ont permis aux industriels de défense de tester, inventer, promouvoir et donc vendre leurs derniers modèles : le missile Katioucha russe pendant la Seconde Guerre mondiale, les Patriots américains pendant la première guerre du Golfe. Des modèles toujours plus précis, toujours plus technologiques et toujours plus mortels. En Ukraine, c’est donc le M142, un système de fusées d’artillerie à haute mobilité, le Himars, qui a changé la donne. Et son triste succès illustre bien aujourd’hui la nouvelle accélération de la course à l’armement et l’urgence de produire toujours plus de munitions.

En Europe, 500 millions d’euros vont être investis pour stimuler la fabrication de munitions, mais les États-Unis font, eux aussi, le même constat. Même la plus grosse industrie de défense au monde ne parvient pas à suivre la cadence. L’inventaire établi par le Pentagone en septembre 2023 parle de 300 millions de munitions pour armes légères et plus de deux millions d’obus. Les États-Unis ont aussi livré à l’Ukraine un tiers des roquettes adaptées au système Himars. Et depuis, un autre conflit est venu solliciter les stocks américains : celui entre Israël et le Hamas. Ce qui signifie qu'aujourd’hui, le rythme de production n’est plus adapté et le gouvernement fait au plus vite pour réactiver des chaînes de fabrication ou en ouvrir de nouvelles.

Ce qui nous conduit tout droit en Australie, vers le Building 215, un petit hangar sans prétention de la banlieue de Sydney. Ce hangar symbolise l’expansion du système révolutionnaire Himars, avec un contrat de 37 millions de dollars, annoncé par Pat Conroy le ministre de l'Industrie de défense australien. "Le dernier examen de notre stratégie de défense recommande fortement d’augmenter nos investissements dans le matériel de frappes longue portée. Ces munitions permettront de dissuader les conflits potentiels et de contribuer à la paix et à la stabilité dans l'Indo-Pacifique. Ce premier contrat porte sur la fabrication d'un premier lot de missiles, qui facilitera le transfert de technologie avec les États-Unis et renforcera les compétences techniques australiennes avant la phase de fabrication à grande échelle", explique le ministre.

L'Australie aux premières loges d'un futur conflit avec la Chine

Il s'agit donc d'un projet de fabrication à grande échelle, en Australie, d’une technologie de guerre dernier cri. Et Washington s’appuie sur l’accord tripartite de défense Aukus, entre les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Australie, pour éviter la pénurie de munitions et ne pas être pris au dépourvu dans les conflits actuels. Mais ils continuent de se préparer activement à un futur conflit où l’allié australien sera aux premières loges : celui avec la Chine. Et l’enjeu est si prioritaire pour les Américains qu’ils ont accepté de livrer les secrets technologiques du système Himars aux Australiens. C’est la deuxième fois seulement que les États-Unis livrent de tels secrets, après la vente des huit sous-marins nucléaires d’attaque signée en 2021. Un changement de cap historique pour les États-Unis, qui ont toujours refusé de partager leur technologie militaire, y compris avec leurs alliés.

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