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Un fragile espoir de paix en Éthiopie

C’est l’un des conflits les plus meurtriers de la planète : la guerre dans le nord de l’Ethiopie en Afrique de l’Est dure depuis deux ans. Pour la première fois, des négociations directes s’ouvrent en Afrique du Sud, entre le pouvoir et les rebelles du Tigré.  

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Des personnes passent devant un camion militaire endommagé à Hayk, en Éthiopie, le 13 décembre 2021. (AMANUEL SILESHI / AFP)

C'est une note d’espoir dans un conflit oublié, presque délaissé par la communauté internationale, a fortiori depuis le début de la guerre en Ukraine. Les négociations, après un faux départ début octobre, démarrent enfin lundi 24 octobre, dans un lieu tenu secret en Afrique du Sud.

D’un côté, la délégation du gouvernement d’Abiy Ahmed, qui a déclenché les hostilités il y a deux ans dans ce pays de 115 millions d’habitants grand comme deux fois la France. Cette décision avait alors surpris de la part d’un homme qui venait d’obtenir le prix Nobel de la Paix. De l’autre, les représentants des rebelles de la région du Tigré, six millions d’habitants dans le Nord du pays ; ils refusent de reconnaître l’autorité du pouvoir central d’Addis Abeba. Ils sont arrivés les premiers, dès lundi au matin, en Afrique du Sud.

L’objectif de ces négociations est triple. D’abord, rétablir une trêve avec un arrêt immédiat des hostilités: le précédent cessez-le-feu avait duré cinq mois de mars à août 2022, avant que le pouvoir ne lance une nouvelle offensive il y a maintenant près de deux mois. Deuxième objectif: permettre l’acheminement de l’aide humanitaire dans la région. Et enfin, ce sera de loin le plus compliqué, dernier objectif: rechercher une solution politique. Les rebelles du Tigré aspirent à l’indépendance, mais le pouvoir éthiopien se sent fort de ces dernières victoires militaires. Il doit compter avec un allié encombrant, le pays voisin l’Erythrée, farouchement opposé à la rébellion du Tigré. Mais l’ouverture de ces négociations constitue déjà un événement en soi !  

500 000 morts en deux ans

Ce conflit est donc un peu oublié, alors qu’il est très meurtrier, beaucoup plus meurtrier par exemple que la guerre en Ukraine, et dire cela n’est pas minimiser le drame en cours sur le sol européen. Selon les estimations de l’ONU et du Département d’État américain, le conflit, depuis deux ans, a fait 500 000 morts. Dont l’immense majorité par manque de soins ou par malnutitrion. Le nombre de déplacés approche lui les deux millions. Mais il est impossible d’avancer des chiffres précis, parce que la région est totalement bouclée, interdite d’accès aux journalistes et aux humanitaires.

En revanche, tous les témoignages concordent pour décrire le pire de la guerre : viols, tortures, bombardements de civils et la mise en place d’une famine organisée dans toute la région. Le nombre de décès par malnutrition chez les enfants a augmenté de 1500%. Et les images de la Nasa montrent de façon spectaculaire comme l’approvisionnement électrique a progressivement disparu dans une ville comme Mekele.  

Des médiateurs africains

La bonne nouvelle, c’est aussi que les médiateurs semblent décidés à s’activer enfin. L'Union africaine est aux premières loges. Elle est la puissance invitante de ces négociations. Avec deux médiateurs clés, deux figures politiques du continent africain, deux anciens présidents : le nigérian Olusegun Obasanjo et le kenyan Uhuru Kenyatta. Les États-Unis sont également très impliqués, via leur émissaire Mike Hammer. Washington possède un levier important : c’est l’aide économique au gouvernement éthiopien, une aide dont le pouvoir d’Abiy Ahmed a aujourd’hui cruellement besoin. Le pays est très endetté.

En revanche, l’Union Européenne est aux abonnés absents dans cette affaire. Tandis que la Russie, comme souvent sur le continent africain, espère tirer les marrons du feu de la situation.      

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