Pourquoi la guerre en Ukraine réactive le conflit entre Pékin et Taïwan ?
Au mois de juillet, "Un Monde d’avance" s’intéresse à la nouvelle donne diplomatique née de la guerre en Ukraine. Le conflit a rebattu les cartes et modifié les équilibres géopolitiques, y compris très loin de Kiev. Ce mardi, il est question du conflit entre Pékin et Taïwan réactivé.
"Taiwan est Chinoise, un point c'est tout", a affirmé le ministre chinois de la Défense, Wei Fenghe, lors du discours du forum de sécurité "Dialogue de Shangri-La" à Singapour, mi-juin. Pékin estime que Taiwan, île peuplée de 24 millions d'habitants, fait partie intégrante de ses provinces historiques même si le territoire insulaire possède son propre gouvernement, sa monnaie, son armée. Mais Taiwan n'a jamais proclamé formellement son indépendance.
Les États-Unis vigilants
Pékin assure vouloir reprendre par la force si nécessaire l'île de Taiwan et s'oppose à tout contact officiel entre Taiwan et d'autres pays.
"Que les choses soient claires, si quelqu’un ose séparer Taiwan de la Chine, nous n’hésiterons pas à nous battre, nous nous battrons jusqu'au bout."
Wei Fenghe, ministre chinois de la DéfenseDiscours lors du forum de la Sécurité à Singapour
Une position ferme, sans concession, adressée aux États-Unis. Le président américain Joe Biden, lors d'une visite au Japon en mai dernier, avait répondu par l'affirmative à la question de savoir si Washington pouvait assurer la défense militaire de Taiwan en cas d'attaque de Pékin. "L'idée que Taiwan puisse être prise par la force n'est pas envisageable et ce serait comparable à ce qui se passe actuellement en Ukraine", avait par ailleurs déclaré le président des États-Unis. Une "gaffe" pour certains, tempérée quelques heures plus tard par la Maison Blanche.
L'Ukraine est un "laboratoire" pour la Chine
Pourtant, l'Ukraine et Taïwan ont des points communs. La Russie de Vladimir Poutine et la Chine de Xi Jinping ont des ambitions comparables avec des dépenses militaires qui explosent. L'Ukraine, comme Taïwan, sont vues par Moscou et Pékin comme des territoires périphériques, considérés comme des entités séparatistes.
En outre, Vladimir Poutine comme Xi Jinping développent une politique impérialiste baptisée "Novorossia" pour l'un, cette "Nouvelle-Russie" qui va de la mer d'Azov à la Moldavie et "Chine Unie" pour le Président chinois. Lui s'est donné une échéance à 2049 pour célébrer avec Taïwan le centenaire de la centenaire de la République populaire de Chine.
Pékin n'est donc pas pressée et observe de très près le terrain ukrainien selon le spécialiste de la Chine, Antoine Blondin : "l'Ukraine est aujourd'hui un laboratoire pour que la Chine se prépare mieux. Elle a beaucoup appris. Elle a appris notamment que les Occidentaux sont déterminés à soutenir l'Ukraine, alors même qu'il n'y avait pas de garanties de sécurité spécifiques". Or, à la différence de l'Ukraine, Taïwan bénéficie depuis le vote d'une loi en 1979, de la protection militaire des états-Unis.
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