Nigeria : recherches accélérées contre la fièvre de Lassa, qui a fait 20 morts en une semaine

Le Nigeria est confronté à une résurgence de la fièvre Lassa, qui a provoqué récemment 20 décès en une semaine. Cette fièvre hémorragique virale, peu connue, sévit depuis des années dans l'Afrique de l'Ouest. Un projet de recherche devrait accélérer ses efforts pour trouver un traitement.
Article rédigé par Nathanaël Charbonnier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3 min
Laboratoire de l'Institut de recherche et de contrôle de la fièvre de Lassa à l'hôpital universitaire spécialisé d'Irrua, au Nigeria, en 2018. Photo d'illustration (PIUS UTOMI EKPEI / AFP)

La fièvre de Lassa ressemble un peu à la fièvre Ebola, avec des symptômes assez violents tels que fièvre, vomissements, diarrhées, douleurs abdominales et saignements. Elle peut tuer jusqu'à 20% des malades et devient mortelle 10 jours après l'apparition des premiers symptômes, surtout si elle n'est pas traitée.

On la trouve en Afrique, au Nigeria notamment où l'on compte déjà depuis le début de l'année 2024 environ 800 cas et 150 décès. Mais, elle sévit aussi au Libéria, au Bénin, en Guinée, donc surtout en Afrique de l'Ouest.

Contamination par contact ou ingestion d'aliments souillés

La fièvre de Lassa se transmet de deux façons, comme l'explique Marie Jaspard, infectiologue à l'hôpital Saint-Antoine à Paris : "C'est une maladie qui se transmet par le contact, comme pour la maladie à virus Ebola. Il faut un contact assez rapproché, c'est le mode de contamination classique. Il est aussi possible de se contaminer via les fameux rongeurs, des petits rats, des "Mastomys", qui circulent dans les villages. Ces animaux font leurs excréments sur la nourriture qui sèche au sol, comme le manioc qui sèche devant les habitations. Ces rongeurs porteurs du virus contaminent l'alimentation qui est ensuite ingérée par la population."

Tous les ans, des centaines de milliers de personnes contractent la maladie en Afrique, et les morts se comptent par milliers. Mais si cette maladie peut être mortelle, elle peut aussi être asymptomatique. Donc, suivant les personnes et le degré de contamination, les personnes peuvent mourir, être très malades, ou pas du tout malades.

Une alliance de chercheurs pour améliorer le traitement

Dans les cas les plus graves, on peut soigner la fièvre de Lassa avec un médicament qui s'appelle la Ribavirine. Il est utilisé pour traiter cette maladie depuis les années 80, mais ce n'est pas un médicament miracle. Des problèmes d'efficacités sont à déplorer, il ne serait pas aussi performant qu'on le pensait et il aurait aussi des effets secondaires.

D'où l'idée de trouver d'autres médicaments possibles. Un projet en ce sens est porté par le consortium INTEGRATE, une alliance inédite de chercheurs qui s'est créée autour de cette maladie. Ce projet est soutenu par l'ONG médicale ALIMA, basée à Dakar et qui s'occupe de santé, et par l'ANRS-MIE, agence autonome de l'Inserm. L'objectif, explique Marie Jaspard, est de rassembler chercheurs et cliniciens pour trouver de nouveaux médicaments plus efficaces pour soigner cette fièvre : "On s'est mis en collaboration avec des collègues allemands, nigérians évidemment, comme du Libéria, un certain nombre de partenaires qui travaillaient déjà sur Lassa, pour chercher à traiter mieux nos patients. On a trouvé ainsi, dans la littérature, ou en parlant avec les collègues, avec les firmes, un certain nombre de médicaments qui seraient prometteurs pour traiter les gens avec plus d'efficacité. C'est comme ça que le projet est né." Faire collaborer des chercheurs indépendants de recherche publique et des firmes qui travaillent sur des médicaments, c'est comme ça que "cet essai purement académique" fonctionne. Les laboratoires "donnent" leurs médicaments pour que ces chercheurs "les évaluent et voient s'ils peuvent mieux soigner les patients". 

Accélération des essais et recherche de vaccin

Si le programme a été lancé en 2023 pour 5 ans, il va vraiment prendre son envol cette année avec un objectif : tester les nouveaux médicaments en essai clinique au fur et à mesure de leur arrivée. En cas de retour positif, cela permettra de gagner du temps pour la phase de commercialisation de ces traitements, avec à l'arrivée l'espoir de sauver des vies.

Parallèlement, certains laboratoires travaillent à la fabrication de vaccins qui auront eu pour mission de limiter les contaminations.

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