Malgré la flambée des cas, la Chine maintient sa stratégie "zéro Covid"
Les taux de contamination n’ont jamais été aussi élevés dans le pays, et pourtant Pékin n’entend pas renoncer à sa stratégie de contrôle total et de confinements stricts : pas question de laisser circuler le virus.
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![Tests anti Covid-19 dans une résidence de Shanghaï (Chine) le 23 mars 2022 (HECTOR RETAMAL / AFP)](https://www.francetvinfo.fr/pictures/HalOCgyQhm3s_ushfIYSdtRNRnY/0x88:5524x3193/432x243/2022/03/24/phpr5JMvL.jpg)
La Chine a compté 18 000 nouveaux cas mercredi 23 mars, dont les deux tiers à Hongkong. Ces chiffres paraissent faibles quand on les compare aux contaminations en Europe, a fortiori vu la taille de la population chinoise, 1,4 milliard d’habitants. Mais pour un pays qui revendique la maîtrise totale de la pandémie (le "zéro Covid"), c’est un constat d’échec et ça peut devenir un enjeu politique.
À Hongkong en particulier, la situation est dramatique. La ville connaît actuellement le plus fort taux de mortalité au monde. Le bilan, revu à la hausse ce 24 mars, s’élève à 6 770 morts dans la ville. Les hôpitaux et les crématoriums sont débordés. Dans le reste du pays, la courbe des contaminations s’est infléchie ces derniers jours. Mais des dizaines de millions de personnes sont confinées, par exemple dans les provinces de Jilin et Laoning, près de la Corée du Nord.
Plus au sud, la gigantesque mĂ©gapole de Shanghai teste une stratĂ©gie un peu nouvelle, signe d’une Ă©volution du mantra "zĂ©ro Covid" : malgrĂ© un millier de nouveaux cas quotidiens, pas de confinement gĂ©nĂ©ral Ă Shanghai. Uniquement des confinements limitĂ©s Ă certains quartiers ou immeubles avec des dĂ©pistages ciblĂ©s, et la rĂ©quisition de deux stades transformĂ©s en centres de quarantaine. Â
Un faible taux de vaccination chez les personnes âgées
Deux raisons majeures expliquent une telle flambĂ©e Ă©pidĂ©mique dans cette Chine qui a semblĂ© Ă©chapper au Covid jusqu’à prĂ©sent. Le variant Omicron, très contagieux on le sait, a fini par pĂ©nĂ©trer sur le sol chinois. Et il s’attaque aux personnes âgĂ©es, qui sont peu vaccinĂ©es en Chine. C’est la première explication : seulement 50% des plus de 80 ans ont reçu deux doses, et Ă Hongkong, c’est encore moins, 25%. La mĂ©fiance vis-Ă -vis des vaccins est Ă©levĂ©e, en particulier chez les personnes âgĂ©es fidèles Ă la mĂ©decine traditionnelle chinoise. De plus les vaccins chinois sont moins efficaces, en particulier face Ă Omicron. Les vaccins occidentaux, le Pfizer BioNtech par exemple, ne sont pas utilisĂ©s en Chine continentale.Â
Deuxième explication : une illusion de sĂ©curitĂ© s’est installĂ©e depuis deux ans dans le pays, vu le faible nombre de victimes. Donc la vigilance a baissĂ©. Les infrastructures sanitaires n’ont pas Ă©tĂ© particulièrement dĂ©veloppĂ©es. Et le pouvoir chinois s’obstine dans sa stratĂ©gie zĂ©ro Covid : pas question d’abandonner les confinements stricts, qui lui ont permis d’accroĂ®tre son contrĂ´le social sur la population.  Â
Une croissance menacée
Mais cette vague de contamination peut avoir un impact sérieux sur l’économie. À Hongkong, c’est évident : de nombreuses entreprises étrangères, multinationales, grandes banques, ont déjà plié bagage. À Shanghai, la crainte d’un confinement général a créé de la nervosité depuis mardi 22 mars. Les habitants se sont mis à faire des provisions en toute hâte ou à multiplier les livraisons de nourriture à domicile. Et bien sûr, il y a aussi les quelques régions complètement à l’arrêt.
Tout cela commence Ă rendre inatteignable l’objectif de croissance fixĂ© par le pouvoir cette annĂ©e : +5,5%. Surtout si on ajoute les multiples rĂ©percussions Ă©conomiques de la guerre en Ukraine. Ce n’est pas une bonne nouvelle pour le prĂ©sident Xi Jinping, Ă quelques mois du Congrès du parti, prĂ©vu Ă l’automne prochain. Â
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