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Le nouvel aéroport d’Istanbul, symbole de la puissance turque

Tous les jours, dans "Un monde d’avance", un coup de projecteur sur une actualité à l’étranger restée "sous les radars" et qui pourrait nous échapper. Aujourd’hui, direction la Turquie, où le président Erdogan a inauguré le troisième aéroport de la ville.

Article rédigé par franceinfo
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Le nouveau grand aéroport d'Istanbul, inauguré le lundi 29 octobre. Photo prise le 3 octobre.  (AFP)

Direction la Turquie, où vient d’être inauguré un gigantesque aéroport. Dans l'après-midi du lundi 29 octobre, on ne voyait que ça sur les principaux sites d’information turcs : des avions, des pistes d’atterrissage et le président Erdogan. Le nouvel aéroport d'Istanbul, le troisième de la ville, a été inauguré et il est tout bonnement gigantesque !

Il a été construit sur un énorme site de 76 km2. Pour vous donner une idée, c’est presque deux fois et demi la taille de Roissy-Charles de Gaulle. Dès l’an prochain, il devrait accueillir 90 millions de passagers et se placer dans le top 3 des aéroports mondiaux après Atlanta et Pékin. Il sera loin devant les principaux aéroports européens.

Le projet va encore plus loin

Au total, il y aura encore deux phases de construction dans les dix ans qui viennent, avec un objectif de 200 millions de passagers en 2028. La promesse est de créer plus de 200 000 emplois. Ce n’est pas un objectif irréaliste, parce que la Turquie est idéalement placée sur la carte du trafic aérien entre l’Europe et l’Asie.

Istanbul est donc ce que l'on appelle un "hub". Une plaque tournante avec un atout considérable, car elle a la possibilité de relier un très grand nombre de capitales par des vols moyen-courriers, beaucoup moins chers que les vols long-courriers.

Symbole de grandeur pour la Turquie

C’est un chantier voulu de A à Z par le président Erdogan. Il l’a inauguré en personne, lundi après-midi, en présence de représentants de près de 50 pays. Il a choisi la date avec soin. Lundi 29 octobre est le jour anniversaire de la création de la République turque, il y a 95 ans. Tambours et flonflons, pour un président turc qui se voit comme un bâtisseur d’une nouvelle République. Il y a d’autres inaugurations à venir avec de nouvelles lignes de métro, un nouveau pont sur le Bosphore, etc. 

Là encore, Erdogan a des raisons d’être optimiste. Malgré la crise conjoncturelle traversée par l’économie du pays, la Turquie affiche une forte croissance. Avec une telle plateforme aéroportuaire, la compagnie Turkish Airlines peut espérer devenir la première compagnie mondiale, devant Emirates. En plus, la Turquie a le vent dans le dos sur le terrain géopolitique. Elle est devenue incontournable sur le dossier syrien et elle profite de la forte détérioration de l’image de l’Arabie saoudite avec l’affaire Khashoggi.

Des oppositions au projet

Cela dit, il faut bien reconnaître que ce genre de projets a aussi tout de la folie des grandeurs. La construction de ce nouvel aéroport n’est pas passée comme une lettre à la poste. D’abord, il y a eu des conflits sociaux et il y en a encore. Les ouvriers doivent travailler à marche forcée, jusqu’à 90 heures par semaine, pour respecter les délais imposés pour plaire au président.

Ensuite, les militants écologistes sont furieux. L’aéroport a été construit sur le site d’une forêt qui était l’un des poumons verts d’Istanbul et qui abritait des oiseaux migrateurs, des loups et des sangliers. Comme un Notre-Dame-des-Landes puissance 10. Mais Erdogan n’est pas homme à céder, ni devant les conflits sociaux, ni devant les préoccupations écologiques.

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