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Le géant russe Gazprom obtient le feu vert du Kremlin pour créer sa propre milice, façon Wagner

Alors que le président ukrainien se rend à Londres et à Paris mercredi, Kiev révèle que la compagnie gazière russe va créer sa propre milice privée. Ces armées parallèles, à l'image du désormais célèbre groupe Wagner, sont de plus en plus nombreuses en Russie.  

Article rédigé par franceinfo - Jean-Marc Four
Radio France
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Temps de lecture : 3min
Station service Gazprom à Moscou, en Russie, le 12 janvier 2023.  (NATALIA KOLESNIKOVA / AFP)

Le bon pour accord a été dévoilé par les services de renseignement ukrainiens. Il est signé du chef du gouvernement de la Fédération de Russie, Sergueï Mishustin et date du 4 février. Le géant du gaz et du pétrole Gazprom, 450 000 salariés, plus de 80 milliards de chiffre d’affaires avant la guerre, première entreprise russe, est donc autorisé à créer en son sein une compagnie militaire privée pour se défendre. Cette milice sera contrôlée à 70% par Gazprom, la maison mère, et à 30% par une société de sécurité privée baptisée Staff Center. Officiellement, les milices privées sont interdites en Russie. Mais il y a plein de dérogations. Dans le secteur énergétique, gazier et pétrolier, la loi l'autorise en fait depuis 2007. Mais il faut tout de même déposer une demande auprès du pouvoir politique. Toute la question est de savoir quel sera le champ d'action de cette milice. Se contentera-t-elle de protéger les installations énergétiques de Gazprom. Ou ira-t-elle sur des théâtres d'opération extérieure, on songe évidemment à l'Ukraine ?  

27 armées privées en Russie

En fait, ces armées privées sont de plus en plus nombreuses en Russie : le pays en compte au moins 27, en plus de l'armée régulière. La plus connue c'est le groupe Wagner et ses quelque 50 000 hommes, sous la houlette d'Evgueni Prigojine. Mais il y en a beaucoup d'autres. Le tchétchène Ramzan Kadyrov dispose de son propre groupe, estimé à 12 000 hommes. Le patriarche orthodoxe Kirill a donné sa bénédiction à une unité religieuse, la Croix de Saint-André. On peut également citer "le bataillon Sparta", "le corps slave", "l'unité cosaque" avec à chaque fois quelques milliers d'hommes. Et on estime que 11 au moins de ces 27 milices combattent en Ukraine. Leurs relations avec l'armée régulière russe sont floues : à la fois forces d'appoint, forces d'élite parfois et aussi concurrentes de l'armée régulière. Cela va même plus loin : au sein de l’armée, le ministre de la défense Serguei Choigu possède désormais lui aussi sa propre unité, la compagnie militaire patriotique.  

L'émergence de seigneurs de guerre

Ces armées privées permettent à Vladimir Poutine, de se dédouaner de certaines exactions. Le procédé est bien connu : "Nous ne sommes pas au courant de l'existence de ces groupes, donc nous ne sommes pas responsables", dit le Kremlin. La technique est éprouvée dans les pays africains où intervient Wagner.  Mais désormais, ces milices opèrent de plus en plus à visage découvert. Et leur multiplication en dit long sur la crainte des dirigeants politiques, militaires ou économiques. Chacun constitue sa propre armée à la fois pour se protéger et pour monter en puissance, avec le risque d'une rivalité, d’une concurrence entre de nouveaux seigneurs de guerre. À terme, il y a là un potentiel facteur d'instabilité intérieure pour la Russie. Tout dépend de la maîtrise de Vladimir Poutine, directe ou indirecte, sur ces différentes armées privées.    

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