Le coronavirus commence à toucher l'Afrique
Un pays africain sur deux est désormais concerné et c’est une vive source d’inquiétude, vu l'état des infrastructures sanitaires sur le continent.
Au cours des trois derniers jours, entre le 13 et le 16 septembre, plus d’une quinzaine de pays africains ont découvert des cas de Covid-19 sur leur sol respectif. Au total, 27 pays du continent sont désormais touchés, soit un pays africain sur deux. Ils n’étaient que 12 jeudi12 mars. Les derniers en date sont la Tanzanie et la Somalie en Afrique de l’Est.
Le plus souvent, chaque pays ne compte qu’une poignée de cas, comme par exemple le Togo, le Burkina, le Congo, les Seychelles. Mais ça a commencé comme ça ici aussi. Et surtout, quelques pays sont déjà beaucoup plus touchés : l’Egypte, environ 80 cas, l’Algérie et l’Afrique du Sud, une cinquantaine chacun, le Maroc, une trentaine. Pourquoi ces pays en particulier ? L’explication parait assez simple : ce sont les plus grands pays du continent, ceux qui possèdent le plus de liens avec le reste de la planète, en particulier la Chine et l’Europe. Le virus a donc, très probablement, été importé par des voyageurs venant d’Europe ou d’Asie, pour le travail ou pour le tourisme. C’est aussi cette raison qui explique sans doute, à l’inverse, pourquoi l’Afrique est globalement touchée avec retard : elle est un peu moins intégrée dans le processus et les échanges de la mondialisation.
Des systèmes de santé défaillants
Le problème, c’est que si l’Afrique est touchée, il y a un gros risque de catastrophe sanitaire : le risque est encore plus élevé qu’ici. Quelques pays peuvent espérer faire face : le Kenya, l’Afrique du Sud, le Sénégal, la Tunisie, parce qu’ils ont une infrastructure sanitaire correcte. Si les cas se multiplient comme en Europe, ce sera beaucoup plus compliqué en revanche dans nombre de pays avec un système de santé défaillant, voire inexistant.
On songe à la Centrafrique, à la République Démocratique du Congo et aux petits pays d’Afrique de l’Ouest. La Guinée ne possède en tout et pour tout que deux cliniques privées équipées pour faire face, le Libéria et la Sierra Leone se remettent à peine de l’épidémie de fièvre Ebola qui a fait 11 000 morts entre 2014 et 2016. Et puis dans de nombreux pays africains, une partie de la population est déjà de santé fragile, en raison de la malnutrition, du paludisme ou du SIDA. En Afrique du Sud par exemple, 20% de la population est considérée comme fragile. Donc c’est évidemment un facteur aggravant.
La réponse des autorités locales
Ces pays africains commencent à prendre des mesures. Ils systématisent les contrôles à l’entrée, avec relevés de température corporelle dans les aéroports. Certains, comme l’Algérie, interdisent d’ores et déjà l’accès aux voyageurs en provenance des principaux pays touchés par la pandémie, notamment les pays européens. Le Kenya a fermé ses frontières. Plusieurs gouvernements vont plus loin et ferment les écoles, depuis ce lundi 16 septembre, ou à partir du mardi 17 ou du mercredi 18 : le Gabon, le Rwanda, la Mauritanie, l’Afrique du Sud. Le Maroc ferme les cafés et les restaurants. Et certains grands rassemblements religieux pourraient être annulés, par exemple au Sénégal, où la confrérie des Mourides doit théoriquement réunir des centaines de milliers de fidèles dimanche prochain à Touba dans le centre du pays.
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