La Première ministre finlandaise Sanna Marin, renommée à l’étranger, face à des élections difficiles
Sanna Marin a 37 ans. Elle était, il y a peu, la cheffe de gouvernement la plus jeune au monde. Elle fait partie de cette vague de dirigeantes qui ont apporté un souffle nouveau à la politique, au nord et à l’est de l’Europe : l’Estonienne Kaja Kallas, la Slovaque Suzana Caputova, la Danoise Mette Frederiksen. Ajoutons la néo-zélandaise Jacinda Ardern, qui a jeté l’éponge en janvier.
Marin, avec son visage déterminé et son indéniable charisme, est devenue l’une des figures de l’engagement européen aux côtés de l’Ukraine. La Finlande, 5 millions et demi d’habitants, regarde la Russie avec inquiétude, conséquence de l’Histoire et de la géographie : 1 300 km de frontière commune. La première ministre sociale-démocrate, désormais très respectée à l’étranger, a mené à bien le dossier d’adhésion de son pays à l’Otan. Le parcours de candidature est achevé, l’adhésion est imminente.
Si Sanna Marin a acquis une notoriété mondiale, c’est aussi par son naturel et sa modernité. Avec notamment, l’été dernier, cette vidéo qui a fait le tour du monde sur les réseaux sociaux, où on la voyait faire la fête avec des amis. Vivement prise à partie après la diffusion de ces images, elle avait présenté des excuses publiques émouvantes avec ces mots : "Je suis humaine, je suis comme tout le monde, j’ai besoin de m’amuser". En tout cas, c’est la première fois qu’un dirigeant finlandais acquiert pareille notoriété sur la scène internationale.
Une personnalité clivante et une dette en hausse
Et pourtant, elle peut donc perdre dimanche pour des raisons de forme et des raisons de fond. Sur la forme, Sanna Marin est une personnalité très clivante : elle a ses fans absolus, presque comme une rock star. Mais son style suscite aussi de l’irritation au sein d’une Finlande conservatrice qui la regarde avec un brin de sexisme, comme une fêtarde invétérée, un penchant incompatible avec la fonction. Sur le fond, ses adversaires de droite et d’extrême droite lui reprochent d’avoir creusé la dette et par voie de conséquence de mettre en péril le modèle de protection sociale finlandais. Et c’est vrai, la dette s’est accrue pendant son mandat, pour cause de lutte contre la pandémie et de guerre en Ukraine. Ses adversaires l’attaquent aussi sur l’immigration, en brandissant un épouvantail, la Suède voisine, où les règlements de compte violents sont fréquents entre bandes issues de l’immigration.
Trois partis dans un mouchoir de poche
Tout va se jouer dans un mouchoir de poche. Selon les derniers sondages, les trois partis principaux sont au coude-à-coude, moins d’un point d’écart entre les trois. Tous sont un peu en dessous de 20% : d’abord, la Coalition nationale (centre droit), puis le Parti des Finlandais (l’extrême droite climato sceptique et favorable à une sortie de l’Europe) et seulement troisièmes les sociaux-démocrates de Sanna Marin. Or l’usage en Finlande, c’est que la formation du gouvernement soit confiée au parti arrivé en tête, même si la marge est étroite. Charge ensuite au leader en question de former une coalition.
Quand bien même Sanna Marin parviendrait in extremis à l’emporter, elle aurait sans doute du mal à élaborer un contrat de gouvernement. A l’inverse, le centre droit parait le mieux armé pour former une coalition. Quant à une victoire de l’extrême droite, elle constituerait un nouvel électrochoc pour l’Union européenne, après le succès de Giorgia Meloni en Italie et la récente poussée extrémiste en Suède.
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